Bons
plans, grosses descentes, quelques beaux cadeaux, quelques
pernicieuses horreurs et autres vicieuses vacheries en guise de
boules de Noël, voilà mes gros ups et downs
de 2014.
Des
têtes, des piques
La
fête impromptue, cette nuisance. La tranquilité du riverain, la
salubrité publique, le sécuritaire, le fantasme plus ou moins
assumé de la Ville-Dortoir. 2014 marque assurément la résurgence
d'une maladie typiquement bruxelloise, la « Dedonnéïte-d'Ardoye
» aïgue, que l'on pensait pourtant éradiquée. Le virus a muté et
ne touche plus que la vieille droite amidonnée. La gauche aussi y
succombe. Dans la Capitale de l'Europe, au XXIème siècle, un bon
citoyen du samedi soir est un citoyen en pantoufles devant les
facéties de Laurent Ruquier. On le laisse bien sortir à Plaisirs
d'Hiver et à Bruxelles-Les-Bains, on lui laisse même le temps de
s'avaler fissa une croquette aux crevettes suivie d'un
stoemp-saucisses dans un établissement pieusement recommandé par
les guides Atrium mais que ce sissoyen ne se pique surtout pas de se
montrer vivant après 22 heures pétantes. Verboten ou presque !
D'où toujours cette idée de Bourgmestre
de Nuit qui s'impose, boulot qui ne serait certes pas de tout
repos en ces temps de manigances politiciennes (un petit parking,
quelqu'un?) mais fonction qui s'avère pourtant de plus en plus
nécessaire. Il faut un tampon, une sagesse aussi, entre cette vision
draconienne d'un vivre-ensemble patachon des uns et la nuit vue comme
le vivier de toutes les cultures et des idées neuves à venir des
autres. La concertation plutôt que la révolution, même si la
seconde option, très tendance, n'est plus à exclure, au fond.
Noël
sans Bing Crosby
Mon
idée du plaisir
Pour
de bon, je suis retombé dans le rock et l'electro méchante. La
faute à trop de deep-house, haha. Au moment de me sustenter, je
fais donc confiance au Chaff, au Bozar, au Café Central, au Dillens
Bar, à la Leftorium, aux Ateliers Claus quand leur habituel public
de nains de jardins s'ouvre aussi aux véritables humains, ainsi
qu'au Beursschouwburg, dont la programmation musicale est redevenue
assez exemplaire, depuis quelques mois. On ne va pas commencer à
citer et à remercier tous les responsables de ces belles nuits, cela
ressemblerait trop à un gang-bang de potes dans un buisson du Parc
Duden où des quadragénaires se fouettraient suavement avec des
branches. Ils se reconnaîtront et sans eux, sans leur folie et leurs
cojones, je crois bien que cela ferait longtemps que j'écrirais
comme tout le monde sur la bouffe et la télé-réalité plutôt que
d'encore livrer à mon âge avancé des chroniques sur la nuit, y
compris les jours de grève.
Tuer
L'I-surrection
qui vient
« The
Language of our culture no longer describes real life and, pretty
soon, something's gonna blow », écrit Donald Fagen dans
Eminent Hipsters, évoquant le moment de basculement culturel des
années 60. Un peu avant de lire ça, entre potes sur Facebook, on
s'était demandé quels étaient les albums et les artistes
importants de ces dernières années et aucun de nous n'a su
véritablement répondre à cette question, pourtant évidente si on
l'applique à d'autres décennies. C'est peut-être parce que le
langage culturel est désormais strictement cantonné à son rôle
de bien de consommation. Le langage de la politique, des patrons et
des banques n'a plus rien à voir avec « la vie réelle »
et à ce niveau, c'est clair que ça va sauter. Mais cette révolution
se fera avec dans les oreilles la dernière merde de Because Music achetée sur Itunes.
Recyclart,
morne plaine
Comme
un accordéon manouche qui résonne dans une gare presque vide,
Dans
ce cirque de briques, ce bar où j'ai tant sué, devant cette porte
métallique,
Le
pâle ennui considérablement me ramollit la trique
D'un
côté c'est barbant, de l'autre rarement, comme jadis, humide
Choc
multiculturel ! Les dreadlocks du DJ trompent mon espérance.
Nos
amies les bêtes
- « Oui, c'est vrai, Monsieur l'Agent, nous avons fait assez bien de bruit mais nous fêtions nos trois ans d'ouverture et maintenant, c'est fini. »
- « Okay, mais faites quand même attention pour vos quatre ans, alors... »
Moments
in Love
Ces
deux morceaux où, à Recyclart cet été, Spookhuisje sonna comme
sonnaient The Rapture à leurs tous débuts : du post-punk
incandescent, derviche, cru, sec, hyper-dansant. Dans mon carnet de
notes, cette vilaine idée de vieux singe, très contre-nature :
« les faire signer et remixer sur DFA Records ». *** Acid
Arab à la Leftorium : il y aura plus de monde à mon mariage
mais la musique sera moins bonne (sauf si on fait venir Omar
Souleyman) *** Joies de la myopie : et donc, cette « grande
babelute » qui m'a bouché la vue durant une bonne partie du concert
de Psychic TV au Beursschouwburg, c'était Thurston Moore ?!!!???!!!
*** Est-ce que Mondkopf au Bozar, c'était effrayant, masturbatoire,
fascinant, extrême, un peu simplet, monstrueux ou un peu de tout ça
à la fois ? Marquant, en tous cas.
Mourir (I)
Loaded
The
Allah-Las : Worship The Sun (#martinionthebeach #hipsterBBQ
#Ixellifornia)
The
Wytches : Annabel Dream Reader (#gothgrunges
#HolevsTheDamned86)
Amazing
Snakeheads : Amphetamine Ballads (#sonofgallondrunk)
Thee
Oh Sees : Drop (#deuxfoisparancommelesvacances)
Useless
Eaters : Bleeding Moon (#Pêche #Poinglevé #gamellespogo)
Chocolat : Tss Tss (#surlecul)
Total Control : Typical System (#2014isthenew1982)
Chocolat : Tss Tss (#surlecul)
Total Control : Typical System (#2014isthenew1982)
Baxter
Dury : It's A Pleasure (#withthewife)
Various :
Original Soundtrack Only Lovers Left Alive
(#lemieuxchezjarmuschcestlamusique)
Ariel
Pink : Pom Pom (#therecordilovetohate)
Mondkopf :
Hades (#salsadudémon)
Mountain
Bike : Mountain Bike (#belgiumisnotdead)
Psychic TV : Snakes (#oldwisefreaksmusic)
Psychic TV : Snakes (#oldwisefreaksmusic)
Goat : Commune (#doorsofperception)
Fat White Family : Champagne Holocaust (découvert seulement en février 2015)
Fat White Family : Champagne Holocaust (découvert seulement en février 2015)
Girls
in Athus versus Ghinzus
« En
Belgique, les nouveaux groupes, ça sonne tout de même toujours un
peu entre dEUS et Magnus » (Bruce Printscreen)
Grand
Monsieur
Paroles,
paroles
«Téléphone
portable, sirop de glucose. Stress,
cigarettes, alcool, pollution. Je l'ai dans
le sang, je l'ai dans les os. Je l'ai dans
les seins, je l'ai dans la peau. Mon
cancer, c'est ma vie. Je l'ai longtemps cherché. On s'est croisé,
on s'est compris.»
«Stérile,
solitaire, je
suis abandonné sur la terre. Spermatozoïdes en sous-nombre, je
traverse la vie comme une ombre. Quand je marche dans la rue, je
pense à mon bonheur perdu. J'ai laissé tes ovules indifférents. Tu
m'as quitté pour devenir maman.»
Pierre
& Bastien, trio punk parisien, au Chaff, en mai. Le
gros LOL de l'année, comme devant un long sketch des Inconnus.
Ce qui est certain : ces types écrivent leurs textes devant des
retransmissions d'émissions de Jean-Luc Delarue.
Le
doigt, l'imbécile, la Lune
Un
moment, naïf, j'ai pensé qu'avec Internet, les fans de musique
allaient se libérer de toutes les encules promotionnelles. Les
hypes, les buzz, toutes ces conneries. Qu'on allait tous se mettre à
passer du temps à chercher et à vanter des trucs incroyables, à
s'échanger des plans inouïs, à ressortir des vieilleries folles.
C'était sans compter qu'avec un oeil bien calé sur leur Klout, la
plupart des gens qui passent du temps à chercher de la musique sont
incapables d'avoir un point de vue qui ne louche pas. Il ne s'agit
pas de partager, il s'agit de « faire partie de ». D'où,
dans les clans concernés, cet unanimisme vomitif et aveuglé autour
de Lara Del Rey et Woodkid l'an dernier, de Christine & The
Queens, Cheveu, Jessica 93 et Aphex Twin en 2014. Je ne vous dis pas
merci pour ces moments.
Leçons
de cinéma
Leçon de vie
Streaming
pour tous
Under
The Skin
(#Midnight
Movie @ his best)
L'Enlèvement
de Michel Houellebecq
(#
un petit porno, Michel?)
The Wolf of Wall Street
(#Quaaludes rulez big time)
The Wolf of Wall Street
(#Quaaludes rulez big time)
Snowpiercer
(#nawak
mais beau)
Blue
Ruin
(#meilleure
première demi-heure du cinéma de ces 10 dernières années)
Dawn
of The Planet of The Apes
(#Enlevez
la fin et vous avez le deuxième meilleur épisode de toute la
franchise depuis 1968)
The
Trip to Italy
(#you
were only supposed to blow the fucking doors off!)
Lone
Survivor
(#propagande
US featuring Mark Wahlberg mais entre les leçons de morale, une
putain d'heure de survival pur et dur!)
Boyhood
(#sorte
de préquel au Cercle des Poètes Disparus ou de version straight de
Six Feet Under. Tant que le gamin est gamin, c'est drôlement
marrant. Après, ils sont tous à baffer. Jolies performances,
anyway)
Wolf
Creek 2 (#bête et méchant,
donc jouissif)
Streaming
pour tous : la shitlist
The
Raid 2
(#je
me la pète Nolan/Tarantino, je fais à peine du Besson)
The
Rover
(#Mash-up grotesque de Mad Max et de 30 Millions d'Amis.)
Guardians
of The Galaxy
(#Je
la connaissais avec un Incal)
True
Detective
(#Scénario
de Michel Bouffioux, rebondissements entièrement piqués à
l'affaire Dutroux, philosophie de comptoir assomante et, oui, CETTEFABULEUSE SCENE GTA)
Fargo
(#Dude,
srsly?)
Louie
4
(#Californication
de la lose)
The
Driver
(#ManchesterisnotLosAngeles)
Livre
d'Or
Fait
d'arme : au Bozar, dans le livre d'or de l'expo consacrée à
Borremans, écrire « Mais quel bon gros truc de flamoutches ! »
et signer « O. Maingain ».
Claque
Raw Vision @ Halle St Pierre, Paris
Books (les meilleurs LUS cette année)
Christopher
Mc Dougall : Born To Run
Anna
Kavan : Ice
Donald
Ray Pollock : Le Diable, Tout le Temps
Ryszard
Kapuscinski : D'une Guerre à l'Autre
Gay
Talese : Sinatra a un rhume
Dimitri
Verhulst : La Merditude des Choses
John
Higgs : KLF, Chaos, Magic & The Band who Burned a
Million Pounds
Grégoire
Chamayou : La Théorie du Drone
Mourir
(2)
Chronique publiée en version considérablement raccourcie sur Focus Vif le 8 décembre 2014