C'est
indéniable. Blade Runner tient sur un prémisse totalement
tartignolle. Vous êtes une corporation d'armement et de loisirs
surpuissante, avec à sa tête un génie quasi divin et vous
construisez des Répliquants. Il s'avère qu'ils présentent un
danger pour la population humaine. Que faites-vous ? Vous comptez sur
les flics et leurs brigades de psychologues licenciés pour les "retirer" de la circulation,
capables de retrouver vos appareils défectueux après des heures et
des heures de traque et de tests compliqués ou alors, vous calez DES
PUTAINS DE GPS dans vos cocos en plastoc et vous imprimez aussi sur
leurs fronts UN PUTAIN DE SIGNE DISTINCTIF PERMETTANT DE LES
RECONNAITRE AU PREMIER COUP D'OEIL ?
Pareil
côté réalité. Vous êtes à la tête de ce film. Vous le voulez
philosophiquement vertigineux. Qu'est-ce qui est le mieux dans ce
cas ? Un flic répliquant ignorant l'être ou un flic humain,
seul, triste, brisé, perdu, qui se met à jalouser la perfection de
ceux qu'ils traquent, jaloux et paumé au point de tomber amoureux
d'une machine, désirant au plus profond de son être détraqué sans doute
lui-même en devenir une ? Tout ça pour dire que Ridley Scott,
visionnaire et maître de la SF hollywoodienne contemporaine, moi je
pense que mon cul. Depuis les director's cuts d'Alien et de Blade
Runner, j'ai même comme le soupçon que les films originaux sont
deux chefs d'oeuvres accidentels, soigneusement charcutés par un mec
de studio au cerveau un peu plus sain que les autres à partir d'un
matériau de base qui tient davantage du comic-book beauf à la Luc
Besson que des films ramassés sur eux-mêmes qu'ils sont devenus,
aux trous scénaristiques à remplir de ses propres vertiges.
En roue
libre, Ridley Scott fait n'importe quoi. La preuve par Prometheus,
film pas complètement ennuyeux mais totalement embarrassant. 30 ans
qu'on nous dit que ce type est le maître de la science-fiction
moderne, 2 ans que plane l'idée qu'il va nous imposer un testament
mystico-nihiliste avec la bénédiction de ce gros tordu de HR Giger.
This time, it's personal, a-t-il fanfaronné. Tellement personnel
qu'il nous mélange Lost, Star Trek, un peu Pitch Black, voire même
carrément Event Horizon et Mission To Mars. Le tout saupoudré de questions
philosophiques qui ne s'assument pas, le pitch de base étant
clairement dans une logique où l'existence de dieu devrait se
démonter au pied de biche mais la question, pirouette soudaine,
restant finalement ouverte, sans doute pour ne pas déplaire aux
bigots dans la salle. Film à se chier dessus ? Pas du tout, la
seule scène vraiment crispante et hystérique, celle de l'opération,
arrivant tellement n'importe comment, n'importe où, qu'elle
n'apporte rien qu'un peu de trashitude gratuite au milieu d'un océan
de conventions nettement plus pépères.
Alien
était très stressant sur la fin, Blade Runner avait son rythme à
lui, bizarre. Prometheus est du tout-venant hollywoodien
contemporain, à la Nolan, à la Cameron, du bombardement
d'informations et du mitraillage de retournements de situations qui
détournent l'attention des incohérences énormes du script. Du
cinéma de geeks. Rien de personnel. Sauf la couille. En effet, comme
dans Blade Runner, on a une corporation surpuissante, gérée par des
gens brillants, géniaux, et ceux-ci, au moment de claquer des
milliards de dollars dans une mission incertaine vers un lieu isolé
habité de créatures probablement étranges aux motivations inconnues, hé ben, ils refilent le job
à des types vénaux, alcooliques, baisouilleurs, froussards et
rebelles. ALORS QU'ILS ONT DES ANDROIDES BIEN DOCILES !!! DES ANDROIDES QUI PARLENT LA LANGUE PROBABLE DE CES TYPES A DEMI DIEUX!!! Et c'est là
que moi, j'ai la vision d'un Prometheus avec 17 Michael Fassbender (seul vraiment chouette perso du film)
programmés pour traquer le créateur de l'humanité et le ramener
sur Terre. Voilà qui aurait de la gueule, qui serait source à la
fois d'humour et de vertiges, de performance technique aussi, et
aurait ces côtés psychédéliques et déstabilisants obligatoires à
toute bonne science-fiction. Voilà qui me paraîtrait digne d'un
« maître de la science-fiction contemporaine », au
crépuscule de sa vie, rendant pour le coup aussi hommage à Giger,
Jodorowsky, Moebius, Clarke, Asimov, Bradbury et Dick ; à tous ces véritables
visionnaires pompés volontairement ou non sans qui Scott n'aurait
pas l'estime qu'il a en termes de SF.
A la
place, Prometheus démontre plutôt qu'il n'y a plus rien à attendre
d'Hollywood, qui a totalement geekisé ses anciens et reste lancé
pour au moins 30 ans encore dans l'exploitation maladive de filons
aussi pourris que l'idée d'utiliser des personnages secondaires pour
relancer une franchise ou de gonfler des pitchs de série Z en
blockbusters. Sans compter les sacrilèges strictement commerciaux,
vénaux même, par rapport au patrimoine cinématographique.
Apocalypse again, Taxi Driver 2 et Scarface : The Cuban Years,
on y est presque. Ca n'a jamais été aussi clair.
Raging Bull 2, c'est fait!
RépondreSupprimer//www.imdb.com/title/tt1148205/
De fait, c'est de la bouse hoolywoodienne pas maligne... Divertissant, certes, mais bon, hein...
RépondreSupprimerBonne idée le Fassbender en solo, j'imagine aussi ce que ça pourrait donner ( un Moon speedé, ou pas d'ailleurs ). Ah, la SF au cinéma... Presque toujours décevant.
Et dire que Scott à bien failli réaliser Blood meidian, ouf ! Pas sur que le remplaçant fasse mieux ceci dit. Je suis en train de lire ce monstre en anglais ( faut s'accrocher ) et un nom me viens à l'esprit pour la réalisation. Ouais, je vois bien Jodorowski (que tu cites) s'y coller et nous sortir un truc noir bien sanglant et sexuel, halluciné et hypnotique. Mais il devient un peu vieillot le jodo... alors. Ben alors on verra à l'autopsie, comme toujours.
PS: J'ai vu par hasard Prometheus en Imax 3D ( une première en ce qui me concerne ) et franchement, franchement... je vois pas l'intérêt de cette technologie jusqu'à là évitée comme la peste.