J'ai retrouvé un
vieux texte refilé à un gars du nom de Kooolman pour un
projet participatif du temps où je ne faisais pas la guerre à tout
ce qui bouge dans la branlosphère belgo-wallonne et
j'ai été très étonné de ne pas en être honteux. Le voici
ressurgi des profondeurs des internets :
Fin novembre 1989, un peu en retard
pour mes 20 ans, le cosmos, l’armée américaine ou une étrange
maladie du cerveau dont c’était le premier symptôme, m’ont
offert un OVNI. Une vraie boule dans le ciel, ouais, qui bougeait
selon une trajectoire bizarre, impossible ; grossissait et
rapetissait en moins de temps qu’il ne faut pour s’en
étonner. J’étais dans les bois de la région de Spa, à plat
ventre derrière une grosse bûche, un fusil-mitrailleur pointé sur
un sentier. J’étais milicien et mon peloton était en exercice
nocturne. Du sentier allait surgir la patrouille soi-disant ennemie
et nous allions devoir crier pan-pan avec toute la conviction du
monde pour montrer aux chefs que nous étions de vrais tueurs ; que
si ça avaient été des Russes sur ce sentier gelé et non de
pauvres trouffions d’une compagnie flamande, ça aurait été un
véritable carnage.
Ca me faisait chier de jouer à la
guerre et je n’avais pas peur d’être puni puisque puni
consistait principalement à nettoyer des chiottes et des bureaux.
Soit passer sa vie à l’intérieur de la caserne chauffée, ce qui
est toujours mieux que de courir dans la neige ! J’étais
frigorifié, j’avais envie d’une clope, d’un lit, d’un
bouquin, d’un grog et surtout, d’être démobilisé. Je l’avais
mauvaise mais la nuit était belle et c’est en admirant ce ciel
d’hiver que j’ai remarqué l’anomalie, l’OVNI. J’ai depuis raconté des milliers de
fois comment ça bougeait ; qu’il n’était pas possible de
confondre avec une étoile, un avion, un laser de discothèque ou le
phare d’un hélicoptère. Mon histoire d’OVNI, c’est la petite
anecdote que je radoterai systématiquement quand je serai
grand-père, celle qui fera rire ma descendance et soupirer les
infirmières de l’unité de soins palliatifs. Mon histoire d’OVNI,
je n’ai pas de honte à la raconter, je me fous même totalement
que l’on me croie ou non.
Dans les bois, ce soir là, nous étions
une cinquantaine à faire semblant de nous tirer dessus et j’étais
le seul le pif en l’air, complètement subjugué par ce que je
voyais. Personne d’autre n’a vu ce machin parce qu’ils étaient
tellement horrifiés à l’idée de peler des patates qu’ils
hurlaient tous « pan pan » comme des cons en se concentrant sur les
Flamands qui se faisaient niquer sur le sentier. Moi, j’étais là
à indiquer le ciel et ils me criaient tous de la fermer, que
j’allais énerver le sergent, qu’il fallait que je crie « pan
pan » moi aussi. Etre témoin d’un truc qui n’est pas sensé
exister, ça marque ! Alors, j’ai cherché des réponses, lu tous
les bouquins pourris, vu tous les documentaires crétins. Cette
connaissance de théories à la Jacques Pradel, je m’en serais bien
passé. Il ne s’agit pas d’une croyance, j’ai vu un truc qui a
déstabilisé ma vision du monde et j’ai tenté de réparer
l’anomalie, avant de décider de m’en foutre, sans quoi j’en
serais probablement aujourd’hui à courir les symposiums
d’illuminés !
Mon OVNI, il est sur un film
amateur tourné dans la région des bases militaires du Nevada.
Quelques secondes paumées au milieu d’un festival d’« images
chocs » en toc et de « révélations inédites » tartignolles.
Quelques secondes pour me rappeler que je ne suis pas cinglé, que
d’autres ont vu la même chose que moi, que ce n’est pas un
phénomène unique mais bien un truc qui se répète sous d’autres
cieux… Signes avant-coureurs d’une invasion planétaire ou preuve
que les Américains ont une armada prototype de oufs, ce n’est pas
mon schbinzz. Moi, je tiens juste à souligner que j’ai été
prem’s sur la hype, que les OVNI belges, j’y étais dès le
premier soir !
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