Je ne pense
pas grand-chose de la musique de Woodkid, qui n'est pas dégueulasse
en soi, juste trop travaillée et calculée pour me plaire, moi qui
ait tendance à surtout kiffer le basique, le sauvage, le spontané,
l'esprit punk, le chant de la machine. A mes oreilles, ça sonne
comme Antony, sans ses Johnsons, qui chanterait sa misère sur une
version karaoké de These New Puritans. Bref, une version discount de
propositions musicales déjà pas toujours bien passionnantes
ailleurs. Cash : je m'en contrefous donc, mais alors totalement.
Par contre, ce que symbolise le personnage, comment il se présente,
se vend, comment s'emballe sa médiatisation aussi, relève pour moi
de la véritable déclaration de guerre. Parce que je reste attaché
à une certaine idée de la musique, du journalisme, du marketing et
aussi de la méritocratie. Woodkid et son cirque en représentent
l'exacte antithèse.
Déjà, il
y a une recette derrière la méthodologie de son buzz et elle joue sur un effet Internet qui
se maîtrise de plus en plus par les petits malins de l'industrie.
Pour un artiste, produire un tube reste un véritable coup de dé.
Fabriquer une hype, par contre, semble nettement plus simple. Les
clips de Woodkid sont bien faits, c'est sûr, mais ils sont bien
faits parce qu'il y a de l'argent pour bien les faire. A une époque
où, dans le clip, très peu en investissent. Elémentaire, mon cher
Watson.
Woodkid est
un bon petit soldat de l'industrie, poussé par un système, de
bonnes connexions, un réseau. Ce mec, qui n'avait à l'époque que 3
morceaux sur le net, a donné un concert dans le restaurant de la
Tour Eiffel le soir de Nouvel An. Ce n'est pas un endroit qui se loue
comme une salle paroissiale, surtout à cette date. Woodkid est
chouchouté à l'ancienne, comme une star de
variétoche qui aurait 20 ans de carrière dans les dents. C'est un
plan « bling en barres » digne du Duran Duran de 1985.
Tout ce qui est misé sur Woodkid pourrait sans doute faire
correctement vivre 10 petits groupes au moins 5 ans mais non, on
signe des chèques (en bois, haha!) à l'« employé du mois ».
Au bon petit gars besogneux, qui travaille dur et s'insère dans un
système hautement critiquable sans jamais le remettre en question.
Woodkid, c'est un projet à priori arty, indie, mais en fait, il se
fabrique exactement de la même façon que l'image des couillons qui
sortent de La Nouvelle Star et de The Voice. Il y a un message de
merde là derrière et c'est celui d'une reconquête par l'industrie
des jeunes esprits qui trouvent des réponses dans la pop. Zappé le
DIY, finis les doigts tendus aux majors, l'indépendance farouche.
C'est le retour de la méthode Eddy Barclay et elle s'insinue jusque
dans les franges les plus rebelles du business (quel dj house refuse
encore de passer des disques pour des soirées de lancement de
parfums ? Quel rappeur hard-core ne rêve pas d'un contrat avec
une major?) Voilà
pourquoi il est éminément politique de gerber Woodkid, je pense. Et the rest is noise, comme disait l'autre.
Y en a un peu plus, je vous le mets? : http://next.liberation.fr/musique/2013/02/19/le-nouveau-partage-de-la-galette-musicale_876782
Y en a un peu plus, je vous le mets? : http://next.liberation.fr/musique/2013/02/19/le-nouveau-partage-de-la-galette-musicale_876782
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