Avant
Bez dans les Happy Mondays, il y avait Paul Rutherford dans Frankie
Goes To Hollywood. Un autre mec qui n'avait pas l'air de foutre
grand-chose dans son groupe, à part danser et accompagner les
refrains, mais pourtant sans qui ça n'aurait vraiment pas été
pareil. Get Real est le premier single d'une carrière solo à peu
près sans aucun intérêt, qui n'a d'ailleurs dans un premier temps
duré que quelques mois, autour de la sortie en 1990 d'un album
vraiment anodin. Ce single, devenu un véritable classique, est
pourtant une pure merveille, doublée d'un bien drôle numéro
d'équilibriste entre une base acid-house vraiment mitonnée aux
petits oignons, une ambiance contemplative curieusement assez ambient
et le chant très séduisant de Paul Rutherford, pourtant piètre
vocaliste. Autre source de grand étonnement : à la production
de Get Real, on retrouve en fait nuls autres que Mark White et Martin
Fry, du groupe ABC. Leur premier album de 1982, The Lexicon of Love,
reste une vraie pépite de white funk symphonique, avec déjà Trevor
Horn aux manettes, le producteur de Frankie Goes To Hollywood qui y
testait d'ailleurs quelques idées qui feraient deux ans plus tard le
succès monstre de FGTH. Mais en 1988, ABC était sur le déclin,
pensant trouver dans la house le tremplin sur lequel rebondir. Or, si
on peut penser à l'écoute de Get Real que le duo maîtrisait
diablement ses nouvelles influences, il n'en était rien. Up, leur album
de l'époque, est raté, tout comme ce qu'ils allaient ensuite encore sortir
avec Rutherford. D'où cette aura de véritable miracle qui entoure
Get Real, pur moment de finesse et de douceur dans un style musical
non seulement un peu trop farouche pour l'équipe mais surtout
fondamentalement fonctionnel et minimal, jamais censé être aussi
châtoyant, paisible, zen, quasi mystique. D'où le culte durable.
Paul Rutherford, voix (chez FGTH : 1980-1987, en solo 1988-1990, à nouveau actif depuis 2010)