En
1971, la version originale de Jungle Fever, par les Chakachas,
cartonne un peu partout. Ils en vendent un million de copies aux
Etats-Unis et se débrouillent pour avoir du succès en Angleterre,
malgré une interdiction d'antenne à la BBC. Jungle Fever est depuis
considéré comme un classique soul-funk et en 1982, il en sort une
version électronique attribuée à Kinkina, one-shot derrière
lequel se cache notamment le producteur punk (pour rire) Alan
Ward.
En
1987, en pleine période new-beat, des remixs de cette reprise
s'écoutent beaucoup en warm-ups et en afters. C'est malgré tout la
version originale qui reste dans les mémoires et que recherchent les
collectionneurs. Les Chakachas sont samplés par 2
Live Crew,
Panda
Bear,
les New
Kids on The Block
et Public
Enemy et
se retrouvent aussi sur la BO du film Boogie Nights et en heavy
rotation sur l'une des radios de la baie de San Andreas, dans le jeu
Grand Theft Auto.
Pas
mal, pour de jeunes afro-américains funky et érotomanes dont c'est
à priori le seul tube, n'est-ce pas ?
Sauf
que que les Chakachas étaient en fait plus belges que le blanc de
boeuf. Leur leader s'appelait Gaston Bogaert et les musiciens
venaient de Schaerbeek, de Willebroek, de Charleroi et de Liège.
Jungle Fever n'est même pas leur premier tube mondial puisqu'en
1971, cela faisait une quinzaine d'années que le groupe était dans
le circuit et déjà responsable en 1958 du classique cha cha cha Eso
es el Amor.
Suiveurs
de modes, ils se sont ensuite mis au yéyé et au twist ; en
français, en anglais et même en allemand, avant de s'accrocher au
wagon soul-funk-disco avec Jungle Fever, ce qui leur a assuré une
retraite confortable sans toutefois leur donner le goût durable de
ce genre musical puisque les Chakachas en sont ensuite assez vite
revenus au latino, sans plus trop se soucier de vendre ou non. Quant
à Kinkina, c'était évidemment une blague de producteurs, pas un
vrai groupe (qu'est-ce qui guérit de la fièvre de la jungle ?
La quinine). Sur les remixs, il est toutefois à noter qu'y est
crédité Paul Oakenfold, dj britannique aujourd'hui légendaire mais
alors à peine connu.