Beyond The
Black Rainbow, film zinzin. Dans les sous-sols secrets et hi-tech
d'un centre new-age de renom, un toubib relou ne s'étant jamais
remis d'un bad trip particulièrement gratiné séquestre depuis des
années la fille de son gourou. La minette est un danger public,
capable de provoquer des ruptures d'anévrisme à distance.
Un soir que le docteur bascule définitivement du Côté Obscur du Burn-Out, Mademoiselle Seventeen s'en va visiter le monde au-delà de sa chambre-prison.
Donc, en
gros, comme souvent de nos jours, c'est Frankenstein revisité, le
genre de pitch pour le moins simplet à partir duquel on bâtit à la
chaîne des blockbusters de super-héros déviants semant la zizanie
dans le voisinage depuis bien 10 ans. Sauf que là, avec son
esthétique hyper-arty, son montage « j'ai bien pris tout mon
LSD, chef » et une ambiance plus crispante qu'une journée
d'autocar quand on a des hémorroïdes, Beyond The Black Rainbow est
au pire le clip ultime que doit rêver de se fabriquer Death In
Vegas, au mieux un challenger de taille pour Under The Skin, film
plus récent, plus britannique, plus apprécié et plus connu duquel
il semble être un troublant cousin américain, curieusement proche.
C'est en
fait un nanar totalement assumé, croisé à une certaine idée de
l'art contemporain. Il y a une partie qui se passe en 1966 qui est
visuellement complètement pompée d'un film
expérimental célèbre, paraît-il, et les emprunts au cinéma
SF/fantastique des années 70/80 sont également nombreux (John
Carpenter, Logan's Run, THX-1138 et même Blade Runner...). Tout cela
est voulu, très conscient, là aussi parfaitement assumé. Panos
Cosmatos, le réalisateur, martèle dans beaucoup d'interviews que
l'idée directrice de Beyond The Black Rainbow était de se mettre
dans la peau d'un gamin des années 80 qui réinventerait dans sa
petite caboche un film que ses parents lui auraient interdit de
regarder ; à partir des informations et des photos de la
jaquette de la VHS présentée en vidéo-club mais aussi de
fantasmes, d'angoisses et de souvenirs recomposés d'autres films
réellement vus.
C'est une
approche assez géniale, qui donne aux errances du scénario, à sa
toomuchitude régulière et à son gore final une dimension assez
troublante, puisque l'on serait donc davantage dans l'esprit fiévreux
d'un enfant à l'imagination galopante que devant une série Z un
brin prétentieuse qui n'aurait d'autres idées que de pomper en long
et en large THX-1138 et John Carpenter. Ca désoriente complètement
et ça impose aussi l'idée que les films fantasmés sont souvent
plus tordus et meilleurs que ceux qui existent vraiment. Bref, mine
de rien, Beyond The Black Rainbow pose en fait les mêmes questions
sur la place du film d'horreur et de son héritage culturel dans nos
vies que Scream et Cabin in the Woods. Mais à sa façon, plus tordue
que geek, se permettant d'être difficile et même pénible là où,
dans ce genre de productions, on essaye généralement de gober la
sympathie de son public dès les premières images, avec des effets
forains usés et même abusés. Au contraire de ce tout-venant,
Beyond the Black Rainbow ne fait jamais dans la trop grande facilité,
ni vraiment peur, mais laisse toutefois dans la tête des images
vraiment marquantes, voire dérangeantes, qui hantent longtemps
l'esprit. Après un film pareil, n'importe qui doté d'un minimum de
bon sens se méfiera aussi grandement des psychologues coiffés comme
un champion de tennis des années 80.
Kikou, tu veux voir ma Larme du Diable?
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