Dans
le flux ininterrompu des couillonnades produites par la blogobulle,
j'ai vu passer une question que certains jugeront interpellante :
« est-ce que la rédactrice en chef du journal Le Soir serait
aussi critiquée si elle s’appelait Bertrand Delvaux ? »
C'est pas si con. Vu le degré de cromagnitude de l'époque, on peut
effectivement supposer que le fait que Béatrice Delvaux soit une
femme encourage certains à lui tomber davantage méchamment sur le
citron. On peut toutefois aussi penser que si on lui tombe à ce
point sur le citron, c'est surtout parce qu'elle écrit énormément
de conneries, qu'elle déçoit ses lecteurs, qu'elle se positionne
sans vraiment s'en rendre compte en insulte à l'intelligence. En
France, Laurent Joffrin de Libération subit le même genre de
critiques. Il en subirait sans doute plus s'il s'appelait Laurence
mais assurément moins s'il se montrait moins enfonceur de portes
ouvertes, moins dénonciateur de l'eau qui mouille, moins larbin du
pouvoir, moins mitrailleur d'ambulances et en appelait surtout moins
à la mesure quand les gens s'embrasent pour des raisons pourtant
parfaitement justifiées.
Il
est vrai que sur la forme, moi, j'adore rigoler de la coiffure pétard
de Béatrice Delvaux, de sa blondeur, de son absence de classe.
J'aime aussi lui attribuer des activités de « bonnes femmes »
censées lui prendre davantage de temps que la réflexion nécessaire
à l'écriture de ses éditos. C'est machiste, c'est bas, c'est con,
mais ce n'est rien de plus qu'un essor voulu comique. Je le fais pour
Delvaux, je ne le ferais pas pour Florence Aubenas. Par contre, si
Béatrice s'appelait Bertrand, je ferais plus ou moins pareil car je
pense que si Béatrice s'appelait Bertrand, il y aurait de grandes
chances que Bertrand porte le bouc, des cravates mickey sur des
chemises lignées à manches courtes et que Bertrand écrive
exactement le même genre de conneries que s'il avait un vagin. Au
moment de me foutre de sa poire, je lui attribuerais donc des
occupations de beauf plutôt que de blonde ; comme des folles
virées au Brico, la passion pour les objectifs de vieux appareils
photo ainsi que la tonte maniaque de sa pelouse le dimanche. C'est tout aussi
cliché mais surtout plus rigolo que de tenter de débattre du fond. La principale critique, c'est d'ailleurs qu'il n'y en a pas.