jeudi 19 juin 2014

ET TOUT CA POUR QUOI? JUSTE UN PEU D'ARGENT...


Fargo, la série télévisée planplan sur FX tirée du chef d'oeuvre des Frères Coen, s'est achevée ce mardi 17 juin 2014 et récolte des critiques assez dithyrambiques, notamment un 9.2 sur IMDB. Après le succès comparable de True Detective, show pourtant à demi-mongolo à peine digne d'une enquête du Commissaire Moulin allié à Jean-Paul Sartre sur la piste de Marc Dutroux, c'est à se désoler qu'à défaut de véritables grandes nouvelles séries, les junkies du streaming se contentent un peu vite de tout ce qui leur rappelle même vaguement un âge d'or du genre, peut-être déjà révolu.

En gros mais c'est au fond vraiment ça et pas grand-chose de plus, Fargo sur FX est l'histoire d'un bête type qui rencontre le Diable. Le premier, Lester Nygaard (Martin Freeman) est l'employé modèle et effacé d'un bureau d'assurances de la ville de Bemidji, bourgade paumée du Minnesota (fictive, la vraie Bemidji est plus importante). Le second, Lorne Malvo (Billy Bob Thornton), est un tueur à gages itinérant aussi compétent que cinglé, jouette et mal coiffé (le cousin de Javier Bardem dans No Country For Old Men?). Par jeu, Malvo entre dans la vie de Nygaard, sur qui son machiavélisme va déteindre et là, c'est le bain de sang en pays plouc. Quel rapport avec Fargo, le film ?

La neige, les accents, vaguement la musique, quelques easter eggs, des scènes entières replacées dans un contexte différent, des personnages à priori similaires avant qu'ils ne gagnent une personnalité plus ou moins indépendante de leurs modèles, le million de dollars en pleine nature et puis aussi, la traînée de cadavres. Quelle(s) différence(s) avec le film ? Un paquet, dont un ton plus sombre, une violence plus gratuite que marrante, des personnages moins marquants et, surtout, le propos, l'essence même, de l'histoire. C'est Emily Nussbaum, critique du New Yorker, qui a le mieux résumé l'affaire, pointant que là où le film était une méditation sur la stupidité de la violence, la série, elle, s'avérait surtout fascinée par l'intelligence des gens mauvais. Bref, l'une est antithèse de l'autre.

On peut dès lors se poser la question : pourquoi placer cette nouvelle histoire, pas mauvaise en soi, dans un contexte si particulier et référencé, où elle n'a en fait rien à faire. Fargo sur FX pourrait s'appeler Palookaville, USA et se dérouler au Texas ou en Floride, se contenter de ressembler à l'univers des Frères Coen comme le font les premières saisons de Breaking Bad. On y trouverait moins à redire et à se gratter la tête que devant une série qui claironne s'inspirer d'un film célèbre, tout en allant totalement à contre-courant de son propos et en banalisant même l'héritage. Fargo, sorti en 1996, se foutait royalement de la gueule des films à la Tarantino, de leur violence stylisée impunie et de leurs psychopathes présentés comme des rockstars. On y glorifiait au trentième degré des ploucs et le bon sens des petites gens (était-ce de l'affection ou de la cruauté, il reste permis de douter). On y montrait des criminels pathétiques et hilarants. C'était ça, Fargo et c'est bien pourquoi en 2014, Fargo sur FX aurait en principe du non pas récupérer à sa sauce tous les poncifs des polars actuels mais bien démonter sans aucune pitié ces anti-héros accidentellement meurtriers de masse mais de plus en plus virils à chaque épisode et ces morts gratuites qui n'apportent rien à l'histoire mais donnent au spectateur une impression de « transgression ».

En ne gardant du film que son titre, ses décors, ses gimmicks, un peu de son ambiance et rien de son propos, Fargo sur FX rejoint en fait la série des séries qui ne sont finalement que des rip-offs à la con, ultra-cheaps et convenus, de films considérés comme des citrons à presser jusqu'à la dernière goutte : La Planète des Singes, l'Age de Cristal, Terminator, les Agents du SHIELD, Hanniboule le Canadair, etc... And for what? For a little bit of money. There's more to life than a little money, you know. Don'tcha know that?  

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