samedi 18 juin 2022

LE JOURNAL DU QUINCADO (13) : NEVER JUSTIFY


Juin 2022 - J'ai de bons potes antivax. Du haut de mes trois doses Pfizer + Omicron, je les juge quelque peu téméraires mais comme ils ne se justifient pas, ça reste un détail, une note en bas de page d'annexe à leurs dossiers. Ce n'est pas quelque-chose qui me semble définir ces gens, donc valoir la peine que l'on en discute. Ce n'est pas important, tout aussi anodin au regard de nos amitiés que le fait qu'ils aient ou non trop de cholestérol, roulent vite en voiture ou aient des comportements sexuels à risques. C'est leur choix, ils ne me l'imposent pas et donc, je le respecte. Ce ne serait pas le cas s'ils commençaient à me tenir la jambe au sujet de Didier Raoult, de la 5G et du Great Reset. Ce ne serait pas non plus le cas s'ils se mettaient à chouiner que l'on ne sait pas grand-chose de l'ARN Messenger, d'autant que la plupart ont déjà sniffé du perlinpinpin ammoniaqué ayant survolé la moitié de la Terre dans le cul d'un faux touriste mexicain. En matière de choix de vie, je peux donc benoîtement TOUT entendre ou presque et l'accepter sans broncher, surtout si cela ne me concerne pas vraiment. En revanche, je n'ai plus aucune tolérance pour les justifications, les tortillages, le whataboutism. « C'est comme ça, je l'ai décidé et je l'assume totalement », oui. Le lyrisme cherchant à expliquer en quoi la main de l'enfant dans la boîte à cookies n'est pas du chapardage, non.


Mine de rien, voilà qui explique quand même pas mal aussi mon rejet de plus en plus total d'une certaine ambiance générale, d'une époque aux justifications pour ainsi dire constantes. Prenons la grosse affaire du moment : ce vote au Parlement bruxellois CONTRE l'obligation d'étourdissement (pourtant de mise en Wallonie et en Flandre) d'un animal avant son sacrifice rituel. Moi, j'étais plutôt POUR, principalement par principe moral et aussi parce que je ne pense pas que le religieux devrait encore peser sur des décisions politiques au XXIème siècle en plein cœur de l'Europe. Accessoirement, ça me fait aussi assez mal au cul de voir les partis pour lesquels j'ai toujours voté ainsi jouer la carte du bas clientélisme communautariste. Cela dit, je suppose qu'il existe des arguments CONTRE recevables. Seulement voilà, je ne les ai pas vus passer. Des défilés de justifications foireuses, oui. Des accusations de racisme, aussi. Du whatboutism vegan. Des grosses foutaises au nom du bien-être animal, à droite comme à gauche cette fois. Puisque la bestiole finit de toutes façons en gigots, moi, je pense pourtant que le fond du débat n'est pas là. C'est avant tout politique, social et religieux, cette affaire. Le reste tiendrait selon moi même carrément plutôt du concerto de pipeaux.


C'est que, forcément, le bien-être animal implique des bestioles vivantes et destinées à le rester. Abandonner des chiens sur les autoroutes, lancer des briques sur des chevaux et des vaches, balancer des sacs de chatons à La Meuse, les broyeurs de poussins, tout ça : c'est très vilain, pas bien du tout, on est d'accord. Protéger tout un tas d'espèces en voie de disparition, y compris celles succulentes à bouffer (la baleine, l'ortolan...) : oui, 1000 fois oui. Par contre, faudra m'expliquer comment tuer quelque-chose en évitant une violence certaine. Mourir, surtout tué, a tout l'air stressant. Chercher à atténuer ce stress est plutôt moralement cool mais aussi assez hypocrite. C'est l'humain qui en tire bonne conscience, pas l'animal, qui sombre quant à lui soit instantanément dans le Néant ou La Grande Lumière, soit pige encore un petit moment qu'il est mort et que l'on se met à le découper sans qu'il ne puisse plus rien y faire. Je suis de l'école Werner Herzog : c'est se mentir que de se raconter des fables sur la mort et la nature. Mourir, même dans son lit ou son pâturage, n'a pas l'air cool. C'est très joli mais très cruel, la nature. Très indifférent, surtout. D'ailleurs, si le mouton était une espèce carnivore de trois mètres de haut, je ne pense pas que le bien-être des imams et des rabbins d'élevage serait à l'ordre du jour du Parlement Mouton. Bref, je pense qu'on aurait pu éviter les laïus pontifiants et résumer bien plus drastiquement cette problématique. Soit vous étiez POUR parce que c'est complètement nawak qu'en 2022, des non-professionnels puissent encore égorger des moutons au nom d'une quelconque religion ; soit vous étiez CONTRE parce que dégommer rituellement du merguez en devenir n'est pas pire que d'éclater la gueule d'un poulpe sur un rocher et puis c'est pas non plus négligeable que de chercher à plaire à un électorat numéraire alors que votre wokisme fait cavaler ailleurs vos anciens sympathisants.


La franchise. Se foutre des petits pouces levés, des petits cœurs avec les doigts et des possibles shitstorms. Assumer. Comment est-ce foutre possible que tout cela soit devenu à ce point ringard ?


Lire la suite...

mercredi 1 juin 2022

LE JOURNAL DU QUINCADO (12) : HOW DEPP IS YOUR LOVE ?

 


Mai 2022 - Au début, je faisais la fine bouche, celui qui n'a rien à secouer des first world problems des riches stars hollywoodiennes. Puis, j'ai regardé un petit bout du truc, en direct sur YouTube, et j'ai été complètement scotché, passionné, englouti. Je crois que c'est Joe Rogan qui a parlé de ce procès comme du « wildest shit show ever » et c'est exactement mon ressenti. Le procès Amber Heard/Johnny Depp, c'était sauvage, sale, débile, délirant et complètement addictif. Ca va inspirer des comédies trash, des personnages à la Tropic Thunder. C'était vachement mieux que la baffe de Will Smith à Chris Rock pour donner des idées de bonnes vannes sur la décadence hollywoodienne aux trublions patentés. Fuck la sociologie de comptoir, vivent les Bruce Wagner, les Bret Easton Ellis, les frères Coen et les Ricky Gervais ! Mort aux récupérations militantes, vive la satire et le foutage de poires à vie de ces deux cassosses ! Quelle que soit la suite de la carrière de Johnny Depp, moi, je le verrai désormais à chaque coup comme le barlosse cocufié par James Franco avec de la peau de cul greffée à son doigt. Quelle que ce soit la suite de la carrière d'Amber Heard, je me l'imaginerai à chaque fois le croupion à l'air et la moue psychobitch accroupie au-dessus d'un oreiller de soie en train de pousser sa crotte revancharde.


Ce procès a été un remake américain diffusé à échelle planétaire et commenté en direct sur les réseaux sociaux des meilleurs épisodes du Strip-Tease des années 80 : ceux avec les toxs de Jupille, les cas sociaux de La Louvière. Même ambiance, totalement. Ca te chie sur le lit, ça te menace de balancer le toutou mongolo par la fenêtre. Ca s'enregistre en train de ricaner comme Linda Blair dans l'Exorciste, ça te pète des armoires de cuisine après s'être versé des verres de vin qui vident des bouteilles (les fameuses MEGAPINTS!). Ca te nie que Johnny Depp a depuis toujours choisi ses rôles avec à peine plus de discernement que Michel Galabru, ce qui a forcément nuit à sa comptabilité. Ca tente de te faire passer pour un produit pour enfants un type qui à même pas 35 ans était déjà copain comme cochon avec Hunter S. Thompson et les Butthole Surfers ; ce qui laisse tout de même supposer des narines assez ouvertes aux expériences extrêmes et une tête plus à l'Ouest que Lucky Luke. Ca nie aussi qu'Amber Heard a du voir Gone Girl à peu près 150 fois en prenant des notes et qu'un gnon dans la gueule laisse des traces un peu plus longtemps qu'un buzz sur TMZ.


Résultat sur mézigue, comme dans le temps devant Strip-Tease : une fascination certes condescendante mais surtout très amusée, des barres de rire, aucune empathie. Des réflexions de concierges, aussi : « Rhooo, putain, elle a gardé les 7 millions ! » et « 8 ecstas d'un coup, mais il va avoir sa statue à Dour, le Johnny ! ». Fini le glamour red carpet, on nage en plein Zola. Ca chie, ça tise, ca braille, ça pue. Bye bye, Dior, adios L'Oréal. Bonjour L' Assommoir, Hello Nana. Peu importe qui ment le plus, peu importe qui a réellement souffert. Deux millionnaires se foutent sur la gueule, c'est pas Marioupol. Johnny Depp a gagné, c'est la fin de #MeToo ?!? Et Asia Argento, c'était du poulet, peut-être ?


Lire la suite...