Mine
de rien, une histoire claire et fiable des musiques électroniques
pensées pour les clubs reste à écrire. Laurent Garnier s'y est
frotté le temps d'un Electrochoc resté fameux et la très estimable
maison Allia publie désormais régulièrement des traductions de ce
que les Anglais et les Allemands ont sorti de mieux dans le domaine.
S'il existe un nombre incalculable de bouquins sur le rock et le
jazz, ceux abordant la techno et la house, du moins ceux correctement
écrits et documentés, restent toutefois rares.
mardi 30 septembre 2014
ELECTRO CITY#0 : LOOKING FOR THE PERFECT BEAT
mardi 30 septembre 2014
Fulgurances,
KultuurKonfituur
SAIGNER DES OREILLES EST UN PLAISIR
Le
Bozar Electronic Arts Festival, en clôture de la deuxième soirée.
Grande babelute britiche, Oscar Powell enchaîne aux platines les
erreurs techniques, les appromixations et quelques effets bien
ringards, comme de couper le jus, pas le son, alors que le disque
tourne encore.
JACO VAN DORMAEL SUR LA GRAND PLACE? ASPHALTONS LA!
L'espace
public, bien universel, peut-il être privatisé, même
temporairement ? Cette question a été posée par Ecolo au
Conseil Communal d'Ixelles, le 18 septembre 2014, suite à
l'occupation de la Place Sainte-Croix durant plusieurs jours et
plusieures soirées par une installation publicitaire pour la
nouvelle voiture Smart, action promotionnelle dont on avait déjà
ici eu l'occasion de ricaner,
il y a tout juste deux semaines. Ce n'est bien sûr pas un hasard que
je reparle de ça justement aujourd'hui, alors que Mobistar mobilise
ce lundi la Grand-Place de Bruxelles, le temps d'y laisser couiner
Lady Gaga et Tony Bennett.
IS YOUR HOUSE AS DEEP AS YOUR PANTOUFLES ?
J'ai
un rapport ambivalent aux étiquettes musicales. Quand il s'agit de
distinguer le rock du jazz ou la house de la techno, je les trouve
bien entendu nécessaires. Par contre, je ne vois aucun intérêt à
la création de sous-genres, surtout quand ils sont aussi abscons que
le laptronica, la vaporwave, le mombahcore, l'aggrotech ou la skweee
(je n'invente rien, tous ces exemples
sont tirés de Wikipédia).
jeudi 18 septembre 2014
AU THEATRE FLAMAND, LE ROI SERPENT
jeudi 18 septembre 2014
Gonzozo,
KultuurKonfituur
Genesis
P-Orridge, qui reste à la contre-culture occidentale des temps
modernes ce que le glaçage est au cupcake, était ce mardi soir au
Beursschouwburg bruxellois. L'occasion de voir prester la mouture
2014 de Psychic TV, groupe formé en 1980 et toujours deuxième après
les Doors au classement du rock profondément chamanique.
lundi 15 septembre 2014
BRUXELLES, OU C'EST TOUS LES JOURS LE 21 JUILLET AVEC LE GRAND JOJO
lundi 15 septembre 2014
Couillonnades,
Sorties de Route
De
retour pour quelques jours en Belgique après 7 ans de vie à
Montréal, une copine
me demande où sortir à Bruxelles, qu'y voir de neuf, où ça se
passe. Je reste une bonne demi-heure devant ce mail avec la tête de
David Guetta à Tomorrowland, finalement honteusement gêné que la
seule réponse que j'estime sincère est qu'il n'y a rien de
remarquablement neuf. Elle peut parfaitement se rendre aux mêmes
endroits qu'en 2007, à part Recyclart, où il n'y a plus que de la
zumba. Il y a bien quelques fermetures que personne ne regrette
vraiment et quelques ouvertures où personne ne va, sinon une poignée
de blogueuses influentes, surtout pour ajouter de nouvelles pièces à
leurs collections de photos de bagels sur Instagram, mais pour le
reste, la nuit bruxelloise de 2014 ne me semble pas très différente
de celle de 2007. C'est gênant, c'est plouc. C'est comme si la nuit
était ici un remake hebdomadaire du Bal du 21 Juillet, rigole ma
compagne : une année le Grand Jojo, une année Lou & The
Hollywood Bananas et quand Le Grand Jojo et Lou Deprijck seront
morts, on les remplacera par des sosies en playback et des
tribute-bands. Elle me dit ça alors que je m'apprête à rejoindre
quelques camarades de choix à Flagey, pour notre première biture
entre boys de la rentrée, avec la before des dix ans d'Anarchic en
plein air et la fête indoor des dix ans de FM Brussel en guise
d'alibis. Je suis guilleret, enthousiaste, même si à la vue des
flyers, je ressens effectivement un profond effet « Grand Jojo
21 Juillet ». J'estime qu'une rentrée devrait marquer un
renouveau, un grand coup, étonner et là, je vois surtout alignés
Lorenzo Ottati, Attar !, Felix da Housecat et Matias Aguyao sur
le flyer des uns et chez les autres Tom Barman, L-Fêtes et une
vieille bande de briscards locaux pour qui j'ai certes beaucoup de
sympathie mais qui m'excitent tout de même nettement moins aux
platines que si étaient bookés à leurs places Lee Gamble, Vatican
Shadow ou n'importe quel autre deejay en ce moment chaud-boulette
chez The Drone, l'exemplaire site musical français, le seul auquel
je fais encore confiance. Enfin, vu qu'on y va surtout pour Aguyao,
qui déçoit en principe rarement, et la bière, qui ne déçoit en
principe jamais, il faut bien avouer qu'on s'en fout un peu, au fond,
de l'affiche. Je répète, à l'attention toute particulière de ceux
qui aiment me caricaturer en râleur patenté choisissant de ne
couvrir que ce qu'il est certain de ne pas aimer : J'Y ALLAIS
SURTOUT POUR LA BIERE.
Samedi
6 septembre, pendant
La
bière, c'est bien entendu de la Vedett, mais c'est le moins grave de
l'enroule. Arrivés vers 19h00, on se rend en effet vite compte que
cette Anarchic concentre en fait tout
ce qu'il ne faut selon nous pas
faire
dans le clubbing. L'installation, déjà. Elle rappelle un peu les
bunkers de l'Empire sur la planète Endor, dans le Retour du Jedi,
mais des bunkers qui seraient recouverts de grands carrés de glitter
et avec des Smarts à la place des At-Ats. Ou alors l'entrée de
l'Océadium. Ou celle d'un centre de recrutement pour une quelconque
secte dont le gourou se serait fait sonder le fondement par des
aliens, pour en retirer un message de paix universelle. Love.
Quoi
qu'il en soit, c'est de très mauvais goût, ayant plus sa place au
Salon de l'Auto ou sur une caravane promotionnelle itinérante comme
on en voit à la Vlaamse Kust en été que dans le cadre d'un
évènement qui se veut fondamentalement chic et anar. A cette vision
d'horreur ultra-sponsorisée, il faut ajouter pléthore d'autres
signes de l'apocalypse en cours : une distribution de ballons,
une sécu un poil trop ostentatoire, des types qui passent avec des
panneaux vantant des réductions sur les commandes de pizzas et
l'organisateur, habillé tout de blanc avec sur la tête un panama à
faire bisquer Eddy Barclay, qui passe son temps à frapper dans les
mains et à amasser ses amis derrière le deejay, histoire qu'ils
puissent se tirer des selfies en sa compagnie. Tout cela survolé par
un putain de drone, ce qui me fera dire que non content de proposer
une succursale du Salon de l'Auto, c'est un peu aussi le Salon du
Modélisme, que
cet
anniversaire d'Anarchic.
Même
sous la torture, je maintiendrai aussi une autre chose, dont je suis
certain, que son langage corporel a trahi : Matias Aguyao s'est
emmerdé comme un rat mort. Un moment, il était entouré de dix
couillons frappant dans les mains et hurlant leur joie de voir monter
dans le mix de Felix da Housecat une bien vulgaire ligne de basse et
lui était là au milieu, debout mais quasi statique, les bras
croisés, avec un petit sourire contrit. Son set n'a pas non plus
fondamentalement retourné les têtes, jamais vraiment mauvais mais
loin de la folie furieuse à laquelle il nous a jusqu'ici habitué
lors de ses précédentes prestations bruxelloises. Celui de Felix da
Housecat a par contre tout simplement tenu du mégamix forain, une
bouillie sans aucune finesse, pute et pataude, où quelques pourtant
très beaux classiques house de Chicago ont été charcutés les uns
après les autres en mode medley, comme le fait l'orchestre de
Patrick Sébastien avec les chansons à boire. Ce fut tout simplement
du Guetta underground et je n'ai à vrai dire depuis longtemps rien
vu d'aussi ringard et caricatural.
DIMANCHE,
l'après-midi
A
mon bureau, prêt à relancer cette quatrième saison de Sortie de
Route, me voilà piégé. Si je tape un peu trop sur Anarchic, Renaud
Deru alias Attar ! et Benoît Vano, le Eddy Barclay en question,
on m'accusera de chercher un buzz facile, on me diagnostiquera des
aigreurs que je n'ai pas, on me prêtera des jalousies imaginaires.
Bien que pas mauvais bougres en soi, juste un peu trop opportunistes
(cet anniversaire en extérieur s'inscrivait en fait dans la campagne
de promotion de la nouvelle Smart), on sait par ailleurs ces garçons
et leurs blousons dorés de fans assez rétifs à la critique et à
la moquerie. Cette chronique n'était d'ailleurs même pas encore
publiée que
s'échangeait déjà quelques piques à son propos
sur Facebook et Twitter. La fight personnelle n'est pourtant pas ici
mon but, ni mon propos. Elle ne contribuerait qu'à noyer ce que
j'entends véritablement dénoncer, c'est-à-dire l'aspect « Grand
Jojo 21 Juillet » qui fait que l'on peut partir 7 ans de
Bruxelles, quand on y revient, ceux qui tenaient le haut du pavé
sont toujours là, toujours pas délogés d'un monde musical et
noctambule pourtant par essence hautement compétitif et en principe
axé sur la nouveauté et l'étonnement permanents. Nous avons en
fait ici un clubbing très petit-bourgeois, où l'habitude et le sens
du service priment sur l'aventure et la traque d'inédites
stupéfactions.
On
m'a envoyé une interview de Renaud Deru où il annonce prendre la
direction artistique d'une nouvelle soirée mensuelle, la Love, et
j'ai failli en tomber de ma chaise (c'est une image, j'ai juste
ricané). Je ne suis ni très mélenchoniste, ni supporter
d'Anonymous, mais, en effet, je tique quand j'apprends que ces
fêtes auront en
fait lieu
dans une salle du Cercle de Lorraine, ce fameux club d'affaires
habituellement fréquenté par des dirigeants d'entreprises et des
personnalités politiques. Renaud Deru dit avoir été charmé par
l'endroit, sa beauté, mais peut-on réellement s'en tenir à
l'esthétique en zappant complètement la symbolique d'un endroit
comme Le Cercle de Lorraine, en 2014, alors que l'époque est
socialement troublée, que l'on voit monter une grande défiance
envers les establishments et où le prochain gouvernement va aussi
probablement détricoter le pouvoir d'achat des tickets-boissons à
bien des clients potentiels de la Love ? Peut-on se réclamer de la
house et de ses valeurs de partage social et d'utopie futuriste quand
on a en fait surtout toujours principalement visé une clientèle de
concessionnaires automobiles, de gérants de sandwicheries de luxe,
de vendeurs d'espaces publicitaires et
de Solvay Boys ? Que l'on a fait entrer au Mirano, une
boîte
un moment au top de la branchitude européenne, la clientèle de la
Doudingue et des Jeux d'Hiver, incubateurs historiques de la pire
ploutocratie locale ?
Nous
sommes à 3 mois de 2015 et Renaud Deru annonce pour la Love « un
warm-up disco, continuer avec de l'excellente deep house pointue et
terminer avec de la techno soft et mélodieuse ». Bref, ce
qu'il faisait déjà en 2007 et continuera sans doute à faire en
2021. Attention, ceci est une critique. Pas un règlement de compte,
ni une déclaration de guerre. Cette pantouflardise, je la retrouve
aussi dans les autres scènes locales : punk, funk, tox, world,
rock, salsa, pop. C'est ce qui me fait d'ailleurs passer pour un
aigri : il se trouve que j'estime simplement que le présent
n’est pas loin d'être lamentable. Par contre, je suis sans doute
l'un des seuls à attendre avec impatience et grand optimisme
l'avenir, qui s'annonce en principe brillant. La crise économique,
les politiques réactionnaires et les menaces de guerre ont en effet
toujours boosté les créativités et les envies de tout secouer.
Donc, on y est presque, sans doute. Encore une fois.
Chronique publiée sur le site du Focus Vif le 8 septembre 2014.