lundi 26 décembre 2022

LE JOURNAL DU QUINCADO (15) : J'ECRIRAIS BIEN UN AUTRE LIVRE

 

Décembre 2022 - Si vous me suivez, surtout depuis longtemps, vous connaissez l'histoire : fin des années 80, je vois un OVNI dans le ciel wallon. Je suis sur le cul, je veux comprendre et savoir. Alors, je lis des livres qui me tombent des mains et je regarde des émissions à la télévision que je trouve complètement tartes. Dans mes recherches, je tombe aussi sur des trucs plus troublants qui me font gamberger et puis surtout, de fil en aiguille, je dévie des dossiers strictement OVNI vers ceux mettant en scène des conspirations plus globales. Parallèlement, émerge également ce que l'on va appeler la culture « stoner », qui me fait marrer, et que je suis amené à rencontrer dans mon vrai boulot de journaleux musical de la deuxième moitié des années 90. Bref, j'emmagasine une connaissance dont je ne sais que faire, dont je suis même un peu honteux. Tout en développant un point de vue agnostique sur un sujet sur lequel la plupart des gens ont un avis très tranché. Les OVNI, on y croit à fond ou pas du tout. Avouer que l'on ne sait pas, que l'on n'est sûr de rien et que l'on finit par carrément s'en foutre tout en sachant tout de même correctement résumer la plupart des théories existantes, voilà qui est beaucoup plus particulier. Un angle rare. Peut-être même une force. Dont je ne sais pas non plus quoi faire.


Au bout de quelques années, tout ça me gave. Les OVNI et écrire sur la musique. Je passe journaliste indépendant, spécialisé dans la culture plus générale et l'horeca bruxellois. Reste que ma grosse envie est de vendre des articles de vulgarisation des conspirations via le prisme de la pop-culture ; ce que faisait à l'époque quelqu'un comme Olivier Malnuit du magazine Technikart; selon moi plutôt mal, d'ailleurs. C'est important, donc j'insiste : le conspirationnisme via le prisme de la pop culture ! Rien de militant, rien de politique. Pas à la Marie Peltier, pas à la Rudy Reichstadt, pas même à la Vincent Flibustier, donc. A la Jon Ronson plutôt, à la Louis Théroux. Exemple : j'aurais aimé expliquer comment la théorie du Moon Hoax ressemble tout de même très fort au scénario du film Capricorn One ou rigoler du fait que certains croient très sérieusement que JFK s'est fait descendre par son chauffeur extraterrestre au pistolet laser. Et puis boum badaboum, voilà le 11 septembre 2001 et les journées macabres sur Internet qui suivent. Zbim zbam zboum, mon envie d'écrire sur les conspirations s'écroule encore plus vite que le World Trade Center. Ce jour là, le conspirationnisme cesse en effet, - à jamais en ce qui me concerne -, d'être pop, fun et rigolo. Il apparaît pour ce que c'est (depuis?) : un truc de vrais gros tarés. Un truc de vrais gros tarés qui virent carrément harceleurs maniaques et rongeurs de cerveaux dès qu'on leur dit qu'ils sont de vrais gros tarés. L'horreur, l'horreur, l'horreur... A fuir !


J'ai depuis emmagasiné d'autres connaissances dont je ne sais que faire. Un genre de trip à la fois différent et similaire. Le wokisme, tiens ! Quand je vois évoqué le wokisme dans la presse, surtout française, et sur les réseaux sociaux, surtout par la bande à Christophe Mincke et par les député.e.s Ecolo, je me dis que je pourrais apporter à ce grrrand débat du moment cette connaissance "différente" emmagasinée au sujet de cette révolution culturelle faussement tranquille et ce, une nouvelle fois, sur un ton plus pop, plus fun et plus rigolo que simplement militant et politique. Exploser une bonne fois pour toutes cet élément de langage que le wokisme n'existe pas ou relève juste du délire d'extrême-droite en expliquant les dégâts générés depuis quelques années dans le monde académique, le cinéma, les médias, la politique, le législatif... Mais pas à la Zemmour, pas même à la Nadia Geerts. A la Andrew Doyle, en mode Titania Mc Grath. A la John Cleese. En se marrant. Dénoncer un putsch idéologique dont les principales victimes sont majoritairement de gauche mais pas assez conformistes pour adhérer à des théories zinzin, une paranoïa contagieuse, du puritanisme franchement réac et un « on te croit » sacralisé. Ce qui n'est pas franchement folichon mais peut malgré tout prêter à la rigolade. Notamment en se foutant de la gueule des grands emballements. 


Voilà le bouquin que j'aurais éventuellement envie d'écrire. Le souci majeur étant bien entendu qu'il faut se dépêcher, profiter du temps qu'il reste avant que le wokisme ne génère son propre 11 septembre et que les excès de ses chevaliers, blancs comme noirs, cessent dès lors à jamais de faire sourire. Bref, ceci est une offre à durée vraiment limitée. Au premier Café Laïque plastiqué, au premier Bastien Vivès castré à la machette de jardinage, il sera trop tard !




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mercredi 7 décembre 2022

LE JOURNAL DU QUINCADO (14) : 28 YEARS LATER

Décembre 2022 - A titre professionnel, je n'ai plus beaucoup écrit, ni été publié, depuis ma dernière chronique pour Focus, fin avril de cette année. Ce qui m'a fait un bien fou. Comme expliqué dans le papier en question, « quand j’ai commencé ces chroniques du lundi, en septembre 2015, je me marrais encore bien sur les réseaux sociaux. Un peu trop même. Ce n’était alors pas compliqué de dégotter un sujet amusant sur lequel écrire. Pas forcément léger mais amusant. Il y avait encore beaucoup de vie sur Facebook. Twitter n’était pas encore devenu un ring de Mortal Kombat largement militant, ainsi que les archives de la STASI moderne. La plupart des gens s’y la jouaient grave mais plutôt maladroitement, et y cueillir de la couillonnade afin de la commenter de façon sarcastique n’était dès lors pas très difficile. » 7 ans plus tard, j'admettais toutefois que « depuis un bout de temps déjà, au moment de partir à la recherche d’un sujet «typiquement réseaux sociaux» pour en tirer une chronique publiable ici, j’ai de plus en plus souvent surtout ressenti l’envie de longues marches en forêt, de vol-au-vent accompagné de frites à une terrasse d’un «plus beau village de Wallonie» ou encore d’acheter du terreau et de faire mumuse avec des cactus en écoutant les albums chantés de Brian Eno. »

Devinez quoi ? C'est exactement ce que j'ai fait après avoir été lourdé de mon taf le plus public - Brian Eno, les cactus, les marches en forêt (le vol-au-vent, je suis moins sûr...). Je n'ai pas ronchonné, je n'ai pas pensé me pendre; d'autant moins que j'ai donc été remercié fin avril d'une place que j'envisageais quitter en juin : no big deal. Je n'ai pas cherché, surtout, à retrouver un job similaire, à ne pas perdre ma place dans la médiasphère. J'ai un peu travaillé dans l'anonymat ("Je m'appelle Serge, j'écris des trucs mais soit. C'est ici hors-sujet...") et j'ai bien davantage glandé, sans flipper, ce qui a été une libération dingue, aussi parce que voilà que maintenant, il n'existe plus aucun moyen de me « canceller » en représailles d'un statut Facebook ou Twitter mal digéré. Je ne suis plus une figure publique ou semi-publique. Je ne suis plus attaché à un média sur lequel tenter de faire pression pour qu'il me vire. Mieux : vu qu'il n'existe plus aucun canard ou site web, nulle part (Belgique, France, pays anglophones...), pour lequel j'ai envie de travailler, je ne compte même pas repostuler ou accepter une place de chroniqueur ou de journaliste. A moins que ça me paraisse pouvoir s'avérer rigolo. Ou que c'est super bien payé. 


Ce qui n'a pas l'air possible dans les conditions actuelles. Dans l'ambiance actuelle. Avec la profusion actuelle de grosses têtes de nœuds aux postes clés et décisionnels. Avec les sujets et les angles à la mode. Ce qui m'a toujours motivé, c'est la rigolade. C'est se brûler la tête ; pas la tiédeur, la retenue, la peur de choquer, les chichis, les trigger warnings, le militantisme gnangnan, faire mine de respecter l'irrespectable. Le modèle à suivre, c'est se foutre de la gueule des gens, avec du fond mais for the lulz; pas les lyncher à la Mediapart. C'est promouvoir la culture, la vraie, durable; pas Alice Coffin. C'est discuter avec des personnes qui ont plus de livres, de films et de disques chez elles que d'abonnés Instagram. J'ai commencé à écrire dans les gazettes en 1994 et j'ai tenu jusqu'en 2022. J'ai bien rigolé, vraiment beaucoup, mais je ne suis pas certain que ce « métier » puisse encore prêter, ni dans le présent, ni dans le futur proche, à une telle saine rigolade. 


Peut-être qu'un jour les conditions générales seront meilleures mais vu qu'elles n'ont cessé de se dégrader depuis les années 90, autant attendre que les poules aient des dents, ce qui pourrait être dans les cartons d'Elon Musk, mais même... Disons que je n'y crois pas trop. Du tout. Et que cela me va fort bien comme ça. Une telle constatation m'aurait fait très mal au cul après 2 ou 5 ans d'expérience. Pas après 28. 


Bref, si vous avez besoin de quelqu'un qui tape du Brian Eno au moment de rempoter vos cactus contre émoluments attractifs, vous savez où et comment me joindre... Je prends aussi les contenus de sites web, les brochures promo, les interviews corporate, etc... 


Autrement dit, je compte enfin exercer un "vrai métier". 




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