lundi 31 décembre 2012

MUSIC FROM THE BALCONIES NEARBY WAS OVERLAID BY THE SOUND OF SPORADIC ACTS OF VIOLENCE

J'ai un nouvel héros, JG Ballard, auteur de science-fiction (il s'en défendait) mort en 2009 et à bien des égards davantage visionnaire encore que Philip K Dick, qui a bien eu quelques fulgurances prophétiques mais avait trop tendance à les noyer dans un décorum pimpant de comic book et, c'est bien connu, trop de couleur distrait le spectateur. En 10 ans, du milieu des années 60 à 1975, Ballard a quant lui sorti de terrifiants et visionnaires miroirs à peine déformants du monde tel qu'il était déjà à l'époque et tel qu'il est toujours. Un monde surtout intérieur de personnages tourmentés par l'influence des médias et d'un environnement industriel à la fois opressant et déshumanisant mais aussi souvent sexy et porteur de nouvelles mystiques. Ces 4 terreurs, The Atrocity Exhibition, Crash, Concrete Island et High-Rise, doivent de préférence se lire en anglais, les vieilles traductions françaises des hippies barbus payés au lance-pierre donnant à ces textes un côté pulp vite torché là où la langue originelle se veut au contraire très conceptuelle, réfléchie, répétitive, clinique et parfois même carrément expérimentale.

Ballard a été une considérable influence sur le post-punk britannique (Warm Leatherette, Gary Numan, Joy Division, John Foxx, Karen Novotny X...) et c'est ce qui explique sans doute le clin d'oeil au design de Factory Records retenu pour la couverture d'Extreme Metaphors, gros recueil sorti cette année chez Fourth Estate et bouquin parfaitement aussi plaisant que ses meilleurs romans, en plus d'en être un complément non négligeable. On y ouvre grand la mâchoire et on se fait très mal au fondement en le voyant tout naturellement prévoir et même visualiser au cours de conversations ayant lieu dans les années 60 et 70 l'avènement du 2.0 (un futur où avec un système domestique, les gens s'échangent des trivialités, des photos d'enfants et d'animaux, et ne suivent plus du tout les actualités du monde). Ainsi que l'arrêt de la conquête spatiale, dès 1972, alors que la plupart de ses pairs s'imaginaient vivre sur Mars dès 2000 (ça n'intéresse plus personne et ça reprendra quand on aura inventé un système de propulsion moins cher que le kérosène). Ca rigole sinon pas mal quand il compare le punk anglais à la corrida espagnole, le seul moyen pour des jeunes sous-éduqués et sans avenir de la classe ouvrière d'essayer de devenir riches.

30, 40 ans avant Fight Club, il a surtout prévu que le futur le plus probable ressemblerait à la banlieue de Dusseldorf, « des suites d'immeubles immaculés, pas une cigarette nulle part, avec une école moderne immaculée et des quartiers entiers dédiés au shopping. Le paradis du consommateur où pas une feuille d'arbre n'est pas à sa place – même un arbre qui perd ses feuilles y serait vu comme trop libre. (...) C'est le summun de ce que veulent les gens. Il y a une certaine logique qui mène à ces banlieues immaculées et c'est terrifiant parce que c'est la mort de l'âme (...) Ballard estimait que de tels endroits ne pouvaient générer que de la violence :
« Personne ne comprenait Baader-Meinhof. Ces jeunes gens étaient tous issus de la classe moyenne, c'étaient des gamins bien éduqués issus de familles relativement aisées. Leur violence était vraiment absurde : piller des banques, tuer des Américains, tout le reste... Mais j'ai réalisé que je les comprenais. Elevé dans une banlieue de ville allemande, où tout est bien à sa place, où les gens sont tellement terrifiés par ce qui s'est passé durant la période nazie et la seconde guerre mondiale qu'ils font tout pour que tout le monde soit heureux, les jardins d'enfants et les écoles sont équipés pour qu'aucune déviance ne soit possible, qu'aucun problème n'apparaisse... Dans un monde pareil, totalement sain mais où n'existe aucune véritable liberté d'esprit, la seule liberté possible, c'est la folie. »

Lire ça le jour du Réveillon de Nouvel An, tout juste revenu du Delhaize de la Rue du Hénin où les gens étaient prêts à me rouler dessus avec leur poussette à trois roues pour la dernière bouteille de Taittinger, le persil le plus vert et touffu du bac et me gratter la place dans la file du self-scanning, ça m'a paru tout à fait convenir à notre réalité, comme l'incarnation très concrète du thème de High-Rise. Après, c'est clair que si cette banlieue de Dusseldorf est financée par des produits bancaires toxiques et que tout s'écroule, on n'aura pas besoin d'aseptisation généralisée pour générer chaos et folie, un jour prochain. Ca, Ballard ne l'a pas vu venir, encore que l'un des uniques films de SF des années 80 qu'il dit avoir aimé est Mad Max 2, The Road Warrior. Mythe d'un futur proche, là aussi ?

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lundi 24 décembre 2012

BEST OF MUSIC 2012 : MA VIE SANS MEGAUPLOAD


Sans Megaupload et plus du tout critic-rock (rien publié nulle part du genre chronique CD, une première cette année!!!), j'ai surtout redécouvert en 2012 le plaisir immense, perdu et anachronique, de savourer des disques sans parvenir à les épuiser, de les écouter des dizaines, voire des centaines de fois, sans avoir envie de zapper ou d'aller downloader la dernière hype par simple curiosité ou devoir journalistique. Cette fermeture aux sollicitations permanentes doublée d'une disponibilité de temps cerveau intégralement consacrée à ce que je kiffe réellement, c'est un grand changement dans ma vie et ça a totalement bouleversé mon rapport à la musique. J'ai ainsi du écouter le Happy Soup de Baxter Dury 2 à 4 fois par jour pendant bien 6 mois et il en est de même (ou presque) pour la plupart des références qui suivent. C'est pas très 2.0 comme attitude mais ça fait un bien dingue !

1. Gravenhurst : The Ghost in Daylight
Ouais, cet album est moins bon que les précédents sortis par Nick Talbot. Il distance pourtant sans forcer n'importe quel autre machin d'indie-pop-rock boutonneux rêveur (genre Beach House, allez). Parce que plus habité, plus hanté, plus émouvant, plus adulte, mieux vécu... et pas juste là pour épater le lectorat de Pitchfork. Un disque, comme tous les autres du même gars, qui tient du classique instantané et dont on parlera dans 30 ou 40 ans comme on parle aujourd'hui des albums de Nick Drake, Tim Buckley et autres génies passés inaperçus (ou presque) du temps de leur vivant.

2. The Brian Jonestown Massacre : Aufheben
Il y a 10 ans, le fils caché de Charles Manson et Satan passait pour un nazi sacrément doué dans l'art de fabriquer du rock revivaliste pour collectionneurs de disques. Aujourd'hui, le génie arrogant s'est un peu évaporé et l'Anton Newcombe apaisé de 2012 semble plus devoir aux Bisounours et à Stéréolab qu'aux démons d'Altamont. Aufheben est presque un disque pour enfants, qui respire bien davantage l'amour et la joie de vivre que la défonce et la paranoïa. Humainement, on est contents pour lui. Et comme lui fait tout pour rendre contentes nos oreilles, c'est un échange parfaitement win-win.

3. Scorpions Violentes : The Rapist
Le mongolo élevé au rang d'art majeur. Comme si les Ramones faisaient du John Carpenter ou que Gwar s'était mis à l'electro minimaliste punk. Juste énorme et ce n'est que (quasi) le début des aventures de ce groupe adorablement timbré.

4. Daphni : Jialong
Ca ne respecte aucune recette établie, ça ose des choses à priori insensées, ça frappe pour faire mal, ça n'hésite pas à se répéter jusqu'à rendre dingue. Une certaine idée de la dance-music quand elle ne recherche que le plaisir pur et non pas se la péter grave (n'est-ce pas, Actress?)

5. Peaking Lights : Lucifer
Un duo de vieux hipsters américains prétentieux fabrique de la balléaric de contrebande comme Sheer Taft et William Orbit en faisaient à la fin des années 80. Comme dirait Karl Zéro, méfions nous des imitations. Sauf que n'importe quel douanier ou expert s'y tromperait. Taste the unoriginal.

6. A Place to Bury Strangers : Worship
Un groupe noisy peut-il devenir poppy sans s'aliéner une partie de son public ? La version 2012 de l'éternel débat tient dans ce disque, pas aussi « patate dans ta face » que le précédent mais tout de même très efficace quand il s'agit de booster sa bonne humeur rock and roll.

7. K-Holes : Dismania
J'ai déjà dit tout ce que j'avais à en dire ICI.

8. Nice Face : Horizon
Electro garage débilus profondus, entre Iggy & The Stooges, Suicide et Sigue Sigue Sputnik. Assez sexy et plus malin, goutu et étonament durable que bien des concurrents du secteur.

9. Thee Oh Sees : Putrifiers II
Comme avec Gravenhurst dans l'indie-rock, un album moins bon que les précédents de Thee Oh Sees reste néanmoins un Carl Lewis de son secteur, en l'occurence le garage rock psyché un peu hippie, un peu slacker.

10. Skank Manor : Démo album
J'ai un pote qui a fait un album de dub, à la Basic Channel, à la Terranova. C'est complètement anachronique, dans un style dont je me fous généralement pas mal, mais je kiffe toujours. Des mois après avoir pondu le presskit. C'est comme ça, sincère, et pas juste de la pub.

(+ seconde session)

Total Control : Henge Beat (2011)
New-wave pas gentille par des surfers australiens. Interpol version gogole. Donc grave.

Catholic Spray : Amazon Hunt (2011)
Ca ressemble à du boucan purement morveux et chaque morceau tient en fait du véritable hymne, avec refrains imparables, niaque rock and roll rare et élégance au top (ca)niveau.

Pye Audio Corner : Black Mill Tapes Volume 1 (2010)
John Carpenter s'est perdu dans la campagne anglaise. Adeptes du Wicca aux synthés, loups-garous sous MDMA, païens en retour de rave vouant un culte sacrificiel au Bonhomme d'Osier... Yeah, ce genre d'ambiance!

Grinderman 2 : Remixs (2011)
J'ai toujours préféré Nick Cave quand il ne se prend pas très au sérieux et qu'il sort un peu de ses clichés Grand-Guignol comme ici, pour flirter avec l'electro.

MIXS & COMPILES

Andrew Weatherall @ Dalston Superstore
D_R_U_G_S 108 Mix
Daphni Live from The Bussey Building
Johnny Jewel Let's Kiss Sunday Morning Mix
Jeff Mills & L'Orchestre d'Ile de France @ Salle Pleyel
Trevor Jackson presents Metal Dance
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mardi 18 décembre 2012

ANYONE WHO KNOWS WHAT LOVE IS WILL UNDERSTAND



Grosses claques, douces rigolades et plaisirs coupables, voici les chansons que j'ai le plus écoutées cette année, sans qu'elles ne datent forcément de 2012. Les plus malins saisiront quelles séries j'ai suivi, quelles compilations j'ai disséquées, quels mixs savourés, à quelles soirées je suis allé (ou pas), les pistes labourées pour trouver mon bonheur musical et aussi avec qui je suis pote dans le petit milieu musical bruxellois. Aucun scoop, que du bonheur.

MODERNE Vers l'Est
BAXTER DURY Happy Soup
GRAVENHURST The Prize
THE BRIAN JONESTOWN MASSACRE Illuminomi
NICE FACE Equipped
BLASTED CANYONS Ice Cream Man
THE SPITS Terrorist Attack
TOTAL CONTROL Carpet Rash
GRINDERMAN vs UNKLE Hyper Worm Tamer
A PLACE TO BURY STRANGERS And I'm Up
K-HOLES Frozen Stiff
DUB BORO Get Down
CULOE DE SONG The Bright Forest
BOB CHANCE It's Broken
TRISTESSE CONTEMPORAINE Hell is Other People (Chloé Remix)
ANTONY PARTOS Animal Kingdom
PYE AUDIO CORNER Electronic Rhythm Number Three
SCORPION VIOLENTE  The Rapist
SKANK MANOR Silence & Tears
JEFF MILLS & L'ORCHESTRE D'ILE DE FRANCE The Bells
MATTHEW DEAR Her Fantasy
JIMI AFTER Prostitution of Sound
PULP After You

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mardi 6 novembre 2012

LE COLLECTOR DE L'ANNEE



Le collector de l'année, c'est cet article sur l'histoire du téléchargement, plutôt illégal, que j'ai rédigé pour la revue Politique. Il n'y figure pas une seule fois le mot "putain" et l'information y est consciencieusement contextualisée. Un véritable exercice de style.
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jeudi 1 novembre 2012

JOUE AVEC MICKEY


Pour fêter le rachat de Lucasfilms par Disney, tous tes petits amis se sont déguisés en personnages de ta galaxie très très éloignée il y a bien bien longtemps préférée. Sauras-tu reconnaître l'Oncle Picsou? 
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mercredi 29 août 2012

LA TRISTE MORT DU FACTEUR WAOW


Avec Caroline Music, le quasi (*) dernier disquaire indépendant de la ville qui disparaît, et la librairie Darakan qui ferme ses portes, c'est un « certain » Bruxelles « alternatif » qui se meurt encore un peu davantage. Soyons francs : ado, ces magasins ont beaucoup compté pour moi et, plus tard, ils sont devenus des buts de promenades en soi. Ces dernières années, par contre, je n'y achetais plus grand-chose. Peut-être qu'y claquer régulièrement 50 balles comme je le faisais jadis leur aurait permis de vivre encore quelques années ? Peut-être pas ? Il y a , je pense, quelque-chose d'inéluctable -l'air du temps, l'offre, la demande...- qui pousse au trou ce genre de commerces, au fond d'obédience punk. Disquaire indé et libraire spécialisé dans les trucs gay, les polars et le cinéma, ce sont sans doute des métiers disparus. Il va bien falloir l'admettre et passer à autre chose. Via un bête Iphone, j'ai aujourd'hui accès à plus de culture « alternative », de savoir et d'items commercialisés que Caroline Music et Darakan réunis n'auraient jamais pu m'en offrir. Je ne pense donc pas que c'est la culture « alternative » bruxelloise qui disparaît avec la fermeture de ces magasins. Ce sont plutôt quelques-uns de ses passeurs et de ses symboles qui disparaissent mais vu que l'accès à cette culture n'a jamais été aussi facile et neutre, est-ce tellement grave ?

A priori, non. Cela ne change quasi rien à ma consommation culturelle. Par contre, cela transforme énormément mon environnement, détruit un peu du lien qui m'unit à cette ville, à ses habitants. Je me ballade dans le Centre-Ville avec derrière l'oreille l'envie de claquer quelques kopecks et je ne trouve plus aucune vitrine qui ne me donne envie de la lécher, aucun magasin pour moi très engageant. Je suis dans un univers particulièrement repoussant de boutiques de fringues pour cagoles, demi-hipsters, Guetta en devenir et Flamoutches en pleine reconquista. Ca pue la gaufre, la praline, la babelute, le kebab, la bière et les moules. C'est plein de snacks pourris et de night-shops qui blanchissent l'argent du trafic international du fil de cuivre. Les dernières friperies rock ne sont même pas foutues de dégotter une veste de cuir correcte à Saint-Cloud ou Amsterdam et vendent donc leurs merdes de gitans par pure fainéantise. Je sais où trouver et acheter ce dont j'ai besoin, ce n'est pas le problème. Ce qui me chipote, c'est que je ne trouve plus aucun endroit où me laisser tenter par l'acte d'achat compulsif, où me faire séduire par le facteur Waow, cette euphorie shopping qui m'a jadis fait rapporter à la maison avec beaucoup de bonheur sur le paquet de bien grosses conneries des Galeries Agora, des petits disquaires, des bouquinistes, des vendeurs d'affiches et de babioles, etc... En fait, c'est tout comme si cette ville n'avait plus rien à offrir à des types comme moi, déjà vieux mais toujours rebelles, rigolards mais aussi portés sur la prise de tête au ciné et dans les livres, coquets mais trop pour H&M et pas assez pour Margiela et Dansaert. C'est comme si Bruxelles m'invitait à ne tout simplement plus sortir de chez moi et à tout gratter du web. Ou à rentrer dans le rang, choisir entre Louise, Uccle ou Rue Neuve. Ou alors à dégager. Mais pour aller où ? La dernière fois que j'ai été à Londres, c'était exactement pareil. Comme sans doute partout ailleurs. La disneylandisation de l'espace urbain et la victoire  absolue du puta-store, pas vraiment nouveau comme concept. What a waste.

(*) Il reste Sunset Music à La Bascule
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jeudi 16 août 2012

A BAD REVIEW CAN RUIN YOUR LUNCH

Comme à chaque fois que je secoue un peu le cocotier, on m'accuse d'être aigri, frustré, vilain, et patati et patata. Très amusé, je me suis demandé à quand remontait pour la première fois ce genre d'accusation envers un critique, tant c'est récurrent depuis ainsi dire toujours. DJ Eva Braun, par ailleurs critique littéraire et romaniste de formation, pense avoir retrouvé le premier zygoto à avoir ainsi colporté des ragots sur la balle d'un autre débilosse suite à un transit intestinal perturbé. Récit à 4 mains, et un tout gros poke pour sa peine. 

Le début de la critique littéraire, c'est La Poétique d'Aristote, où il balise les genres, considérant que certains sont plus « nobles »que d'autres. Harry Totote nous sort un gros traité sur comment bien faire de la littérature et, jusque là, tout va bien. Il faut de fait attendre quelques tours d'horloges, jusqu'au 17ème siècle, pour qu'une bande de branlos décide de figer ces règles et de tirer de La Poétique une interprétation dogmatique. Du coup, certains écrivains trouvent cela aussi lourd qu'un article d'Eric Zemmour et s'en plaignent chez Ruquier et Ardisson. Grosse polémique dont on retrouve la trace dans la préface du Bérénice de Racine, en 1671. Toute cette agitation intellectuelle, ce ping-pong brillantissime digne d'un vieux Patrice Leconte bien connu, cela fait pousser du melon, c'est le grand concours du mollet enflé : il ne tarde même pas à ce que certains critiques se targuent d'aider à la création des oeuvres. Boileau, par exemple, en vient un moment à faire croire qu'il est à l'origine d'écrits majeurs de La Fontaine, Molière et Racine. L'ambiance du moment, c'est comme pour les chroniqueurs de Rolling Stones, du NME et de Playboy dans les années 1970 : la totale hype, free drugs, free sex, Tony Montana déclassé. Le XVIIème siècle rationaliste fait des critiques des stars, des « censeurs solides et solitaires que la raison conduit et que le savoir éclaire » (Boileau toujours, pour le coup aussi éclairé que la station de métro du même nom). 

 Moins pressés que les flics lors d'une bagarre d'Arabes, les Romantiques déboulent 200 ans plus tard en se comportant comme les Tokyo Hotel de l'époque : un total plan émo. Entré dans les annales, un gros bon statut Facebook de Madame de Staël, le Nicola Sirkis d'alors, en appelle au « rétablissement des droits de l'originalité à la place du joug de la création », ce qui consiste tout simplement à envoyer chier le moindre détracteur. L'écrivain est perçu par le fan-club Mustango comme un génie solitaire que ne saurait atteindre la sale bave des vils crapauds, forcément jaloux, donc aigris. Et, décident-ils, pour qu'il y ait critique recevable, il faut que le critique soit lui-même créateur. Même s'ils s'habillent tous comme le groupe Visage, les Romantiques croient à l'individualité et au génie, et prônent que « chaque individu recommence, pour son compte, la tentative artistique et littéraire » (@MarcelProust en réponse à @Sainte-Beuve). Bref, c'est là que sur les forums de puceaux qui visitent les cimetières pour graver le nom de Mylène Farmer sur les tombes, on commence à se gausser des critiques qui ne peuvent atteindre de tels sommets créatifs. DJ Flaubert lâche dans la foulée le véritable boulet de canon qui chamboulera à jamais la vie de Thierry Coljon : « Je voudrais bien savoir ce que les poètes de tout temps ont eu de commun dans leurs œuvres avec ceux qui en ont fait l’analyse ! Plaute aurait ri d’Aristote s’il l’avait connu ! Corneille se débattait sous lui ! »

Au XXème siècle, les émos ont gagné et vont passer une bonne partie du centenaire à se branler la nouille sur plein de concepts un peu ardus à intégrer entre l'apéritif et l'écoute du dernier Brian Jonestown Massacre, plaisirs simples pour gens simples : analyse littéraire psychanalytique, sémiologie marxiste, sociologie structuraliste... Via Roland Barthes, qui n'est pas la père de Yann, et Bourdieu, qui n'est pas une insulte homophobe, on en viendra toutefois à réfléchir sur le concept même de critique et de valeur littéraire et/ou culturelle, ce qui détend tout le monde du gland et nous mène aux années 70 et 80 -Lester Bangs, Nick Kent, Antoine De Caunes, Gilles Verlant, Laurent Chalumeau, Nicolas Ungemuth- en gros, à cet étrange instant où les gens qui écrivent sur d'autres gens se sortent un peu les doigts du cul. Tout en se faisant malgré tout insulter par des zigomars calés sur des concepts émo-core du 19ème siècle. Alors, pas belle, la vie ? (sc + cd) 
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mercredi 15 août 2012

GODWIN BUT YOU LOSE



Je crois que c'est une grande chance que j'ai vécu les années 80, que ma façon de penser et mes goûts culturels s'y sont développés. Dans les magazines que je lisais (Starfix, Rock This Town...), les journalistes avaient souvent le verbe haut et joyeusement trash, jamais derniers pour la pignolade et la polémique. Non seulement, c'était amusant à lire mais en plus, cela développait vachement bien le sens critique. On n'était, par exemple, jamais certains que ce qui était publié relevait vraiment du premier degré. Ca apprenait à relativiser, à mieux appréhender un humour qui relève de ce que l'on appelle à Bruxelles la zwanze, cette rigolade prête à toutes les tortuosités pour provoquer le rire et, dans la foulée, la réflexion.

En 1994, quand est venu mon tour d'écrire sur la musique, c'était ça, mon background, où les Snuls prenaient nettement plus de place que Lester Bangs et Yves Adrien. Je ne désirais pas provoquer, je voulais surtout bien faire et bien faire, vu tout ce que j'avais lu, c'était donc pratiquer la pignolade. Dès les premières lignes sorties dans RifRaf, cela a généré du remous. Je pensais assez innocemment que les gens avaient tous le recul nécessaire, le même genre d'attentes et d'envies pour bien appréhender ce que je pondais, mais ce n'était pas vraiment le cas. J'ai vite découvert que beaucoup de lecteurs n'attendaient au fond qu'un service basique et pas une suite de cabrioles : savoir si un disque est sorti, s'il est bon ou mauvais, qui joue dessus, etc... Pire, pour certains, rire des trucs qu'ils apprécient revient à ricaner de la taille de leurs zobs, charrier leur identité, rabaisser leur sentiment de différenciation des masses. Dézinguer leurs rêves à la sulfateuse.

Quand j'ai pris conscience que ce j'écrivais provoquait ce genre d'idiotes outrances, loin de me faire changer mon fusil d'épaule, cela m'a donné envie d'y aller vraiment à fond les ballons. Parce que c'est mon type d'humour et que j'aime propager le rire. Mais aussi parce que j'estime que l'exagération et la satire sont parmi les meilleurs chemins pour mener au recul, à la réflexion et à l'émancipation envers certains codes (qui ont dans la musique toujours été chiants et stupides au possible : l'electro n'est pas de la musique, le rap est mort dans 5 ans, les Smiths c'est pour les pédés, ce genre...)

C'étaient les années 90 et quand on publiait à cette époque des trucs dans les magazines, on n'avait pas forcément de retour. On entendait des rumeurs de big ups ou de volontés de cassages de gueules, on recevait parfois une lettre d'insultes mais en gros, ce qu'on écrivait, on en discutait au mieux entre potes ou en réunion de rédaction mais pour ainsi dire jamais avec les lecteurs. Puis est venu le web et toute l'enroule des commentaires spontanés sous les textes publiés on-line. Contrairement à beaucoup d'autres, je n'ai jamais cru que cela révolutionnerait quoi que ce soit. J'ai même dès le départ considéré que c'était un gadget à double tranchant : très chouette quand il s'agit de dénoncer des escroqueries médiatiques mais nettement plus sujet à caution quand, sans modération, n'importe qui se permet de publier n'importe quoi et que ce n'importe quoi, à force d'être partagé, linké et répété sans vérification, en vient à obscurcir la vérité.

Insultes, menaces, tentatives d'intimidation, ragots comme quoi je serais en passe de perdre mon job... Le lynchage sur la page du Brussels Summer Festival (lien au post précédent) m'amuse nettement plus qu'il ne me tracasse. C'est du troll anecdotique, particulièrement mongolien de la part de certains. Il me confirme ce que je pense depuis longtemps : qu'un véritable boulot critique, léger et marrant, à la française, n'est pas attendu, ni désiré, en Belgique, où une grosse majorité de veaux marins s'attend surtout à voir confirmés leurs propres emballements, la prose du journaliste servant juste idéalement de cachet « bon pour le service ». Je pense que cela explique cette tendance à ne plus jamais prendre position dans les médias, sauf quand il s'agit de tirer de temps à autre sur une ambulance pour donner bonne conscience à son éthique en toc. En 2012 comme en 1994, moi, ça me fait pisser de rire et cela me pousse à en rajouter 35 tonnes, clin d'oeil love-love à tous ceux qui apprécient (une bonne petite armée, tout de même) et impression hautement jouette de passer un bâton sur les barreaux de la cage où s'enculent tous les autres.

N'en demeure pas moins que toutes ces conneries, tous ces gens qui partent en vrille au quart de tour, tous ces types qui m'insultent dès la deuxième ligne sans même savoir qui je suis, ces autres crétins qui prétendent savoir des choses sur moi alors qu'ils flottent dans leur fange à 25 plaques de là, tout cela donc, ne donne tout de même pas une très belle image de l'humanité contemporaine. J'en suis là suite à un article sur un festival de vieilles gloires sur le retour, rien de grave, on se marre bien. Je rigole par contre nettement moins quand le même genre d'emballements populaires, irréfléchis et total western suit un article sur la libération de Michèle Martin, l'Islam, les Juifs, le 11 septembre, l'Iran ou la burqah. Car c'est bien le même élan qui allume la mèche. Et au bout de la mèche, je ne pense pas être le seul à craindre qu'il y ait un jour plutôt prochain la police de la pensée et les camps de concentration. Tout simplement, très sincèrement, totalement cash. Godwin but you lose. 

PS : Bande de nazivereirs!!!
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mercredi 18 juillet 2012

THE KILLING JOKE

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POINTS PAR POINTS


(work in progress, suggestions bienvenues...)

Le Point Godwin
Dans une discussion animée sur le web, se dit d'une comparaison plutôt foireuse impliquant les nazis et Adolf Hitler.
Exemple : Von Ribbentrop, t'es vraiment rien qu'un gros faf, spèce de sale nazi.

Le Point Godwin Royal de Noël. 
Depuis décembre 2012, se dit d'un discours royal qui s'aliène quasi la moitié d'un pays. Mélange de fuck off, de chant du cygne et de gagatisme avancé.
Exemple : Continuez à voter pour ces labbekaks et dans 15 ans, on parque les Francophones à Walibi.

Le Point Geldof
Lors d'une discussion sur la misère et la pauvreté, se dit du moment où quelqu'un compare le contexte local à la situation de famine en Afrique.
Exemple : Bien sûr, c'est triste mais c'est tout de même beaucoup moins grave que ce que vivent les tinenfants en Somalie ou au Darfour.

Le Point Pulvar
Se dit du moment où quelqu'un attaqué sur sa légitimité et ses capacités à mener à bien un projet rabaisse les critiques à du simple racisme et/ou à du machisme plus ou moins conscient.
Exemple : Je n'ai pas merdé avec Sébastien Tellier, je n'ai pas merdé avec Martin Solveig ! Vous ne dites cela que parce que je suis noire et que cela vous dérange de voir une femme noire questionner la légitimité artistique d'hommes blancs ! 

Le Point Didjé
Sur Twitter, en Belgique francophone, se dit du moment où l'intervenant fait un point météo dans un contexte ne s'y prêtant guère.
Exemple : Nous envisageons de bombarder les troupes de Bachar El Assad mais la vraie nouvelle, c'est que le soleil brille enfin à Liège et à Uccle.

Le Point Manaudou
Se dit du moment où l'influence des jeux vidéo est mise en cause pour expliquer la propagation de la violence.
Exemple : Je suis convaincue que Marc Dutroux jouait à Galaga et Q-Bert dans sa jeunesse.

Le Point Mouloud
Se dit du moment où quelqu'un compare le nombre de morts d'un attentat en occident à celui causé par la politique étrangère américaine en Afrique ou dans le monde islamique.
Exemple : Et les drones, ils tuent combien de gens par jour dont on n'entend jamais parler? 

Le Point Twittos
Se dit du moment auquel un échange de bonnes blagues en mode public sur les réseaux sociaux est caviardé par l'apparition d'un Twittos sorti de nulle part, nullement invité à participer, et qui impose ses gênantes nullités.
Exemple : Vous connaissez le point Maingain?

Le Point Beigbeder
Se dit du moment où quelqu'un se fait virer d'une entreprise après avoir écrit qu'elle fabriquait des nullités.
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mardi 19 juin 2012

RESULTATS DU LOTTO

Le 7, le 7, le 7, le 7, le 7 et le numéro complémentaire, le 7.
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vendredi 1 juin 2012

SE TOUCHER LA NOUILLE 2.0


My way
Critiquer publiquement, défendre une opinion. Voilà mon crime, ma dissidence, mon hérérisie. Toutes les bagarres, virtuelles ou non, que j'ai pu avoir depuis la quasi vingtaine d'années que je grenouille dans les médias, c'est de là que ça part. Je suis le « jaune », le traître, le faux frère, le type qui vendrait les saloperies à Wikileaks plutôt que de couvrir ses potes. Chaque fois que j'ose émettre un avis sur ce que j'estime être une bourde, une erreur, une encule, on ne me reproche jamais de le penser mais bien de le faire savoir. On m'accuse de vouloir me mettre en valeur, d'avoir besoin de haine et de faire-valoir pour exister, de faire le phoque à baballe pour amuser ma cour. J'ai une sainte horreur des corporations, des esprits de corps. Je vomis l'hypocrise merdeuse qui veut que ce qui passe comme un loukhoum dans un cul de chameau en réunion de rédaction puisse donner lieu à des réactions de pucelles effarouchées si c'est publié sur un blog ou sur une page Facebook. Je ricane des justiciers en frigolite qui, plutôt que de tenir compte des critiques ou de les ignorer, s'ingénient à ne pas vouloir les comprendre dans le simple but de rabaisser celui qui les pose à une caricature de sale type. J'ai connu ça dans les médias traditionnels, j'ai connu ça sur le net. Je connais ça depuis 3 jours avec Marcel Sel dans le rôle de Ba(r)tman. Ca me rappelle les vestiaires de footeux, les bizuts, l'armée. La mentalité cro-magnon, en d'autres termes.

Gonzozo
Suite au clash qui nous oppose, Marcel Sel et Ultragonzo claironnent sur la blogobulle francophone belge que je respecte trop Hunter S. Thompson et la tradition gonzo que pour comprendre leur expérience de « journalisme subjectif ». Je serais un gardien du temple qui se braque à la moindre allusion déplacée au gonzo, un réac puriste qui érige le concept en religion, « immobilise l'évolution de la contre-culture ». Jamais, on ne m'a servi un tel plat de foutaises à la nouille molle. Déjà, très sincèrement, le gonzo, je pense que c'est un truc bien marrant mais mort et que c'est très bien que ce soit mort. C'est de la blague, de la forfanterie bourracho des seventies. Toutes ces questions sur la subjectivité opposée à l'objectivité, au ressenti soi-disant préféré au fact-checking, c'est de la foutaise complète de gens qui n'ont rien capté au facteur fun de la chose, à son impertinence. Parce que n'importe qui ayant un peu lu Thompson sérieusement sait très bien que le travail de ce type s'inscrit dans une tradition de journalisme littéraire qui remonte à London, Orwell et Hemingway, aux récits d'explorateurs et d'aventuriers. Ce qui comptait pour lui, c'était une certaine qualité d'écriture, le plaisir de lecture, la confiance dans l'intelligence du lecteur et de faire part de ses observations et de ses expériences de la façon la plus cash possible. Le gonzo, c'est la justification de la défonce et de la biture, l'emballage, rien de très passionnant. Le reste, le gros morceau, ce n'était que du putain de journalisme nettement plus traditionnel que révolutionnaire et c'est là, la question principale que devrait se poser n'importe qui lançant un média : qu'est-ce j'ai envie de raconter ? Quoi plutôt que comment. Quoi plutôt que pourquoi. Une expérience sur le journalisme subjectif comme l'entend Ultragonzo, pourquoi pas ? Mais en tenant alors compte de ce qui s'est déjà fait dans le secteur et en connaissant les écueils et les impasses de ce qui a déjà été fait dans le secteur. Ce n'est visiblement pas le cas d'une majorité de gens impliqués dans le projet et c'est bien pourquoi je les critique, ces Bisounours. Pas méchamment, pas pour défendre Thompson, ni le gonzo. Je n'interdis à personne de lancer un site gonzo en ignorant pour ainsi dire tout du gonzo, du moins sa définition, son évolution, son involution et les limites du concept. C'est juste que je trouve ça con comme tout. Du personal branling. Le magasin Ultracachemire qui ne vend que du polyester et ne comprend pas pourquoi il court à la faillite et provoque les railleries.

All the way down
Il y a 4 ans je me suis cassé les ratiches sur une idée au fond assez similaire à Ultragonzo, qui s'appelait Chupacabra. De près ou de loin, depuis le début des années 90, j'ai été attaché à d'autres projets du genre, avancés ou non, tous morts parce que la principale difficulté d'un journalisme qui se veut différent ou alternatif, c'est de trouver les bonnes personnes et les bons sujets. C'est extrêmement difficile, surtout quand les projets sont bénévoles. Marcel Sel m'a reproché de critiquer le manque d'intérêt des sujets présentés par Ultragonzo. Dans sa volonté d'abaisser des critiques construites à de la bave sans importance, il se garde bien de souligner que j'ai ouvertement reconnu que c'était un problème quasi inévitable à tout projet médiatique bénévole, auquel j'ai personnellement été confronté dès 1995, quand il s'agissait de recruter des gens pour écrire dans RifRaf. Gérer un média bénévole, c'est se retrouver avec une équipe à laquelle on ne peut raisonnablement pas demander un investissement lourd. Il faut accepter des textes écrits sur un coin de table. Sans budget pour envoyer ses "pigistes" là où ça se passe, sans fric pour les motiver et leur assurer le minimum de confort, on se retrouve avec entre les mains leurs banalités parce que c'est leur seul matériel exploitable qui ne coûte rien. Avec Internet, il y a bien moyen d'un peu jongler, de gonfler des sacs, de storyfier, mais cela ne remplace pas la cogne au réel. A Chupacabra, les 3 meilleurs sujets retenus en amont étaient vraiment des trucs dingosses, jamais lus ailleurs, des promesses de récits vraiment très marquants. Ils ne m'ont jamais été livrés. Il fallait du pognon pour faire le tour de ces sujets et on n'en avait pas. On aurait pu les griller, se contenter d'une couverture assez superficielle comme le font très bien Vice ou Technikart mais on ne le voulait pas. Ces sujets sont aussi restés en carafe parce que les types censés les écrire ont bien compris qu'il y avait quelque-chose de professionnellement tortueux à livrer cela contre trois cacahouètes et une bière alors que cela pouvait visiblement générer du dollar ailleurs. Mais ailleurs, personne n'en a voulu. Parce qu'il n'existe plus de magazines pour acheter ce genre d'articles. Et que ceux qui rêvent de fabriquer la relève sont le genre de crevards méprisés des banquiers. Tout simplement. Voilà le genre de questions auxquelles j'ai été confronté durant mon expérience de journalisme participatif, alternatif, whatever, et voilà pourquoi j'estime être des gamineries sans beaucoup d'intérêt le fait de plutôt se questionner sur l'idée d'être objectif ou subjectif, gonzo mais pas trop ou fact-checkeur. C'est le fond qui souffre, la forme, on s'en branle, elle s'impose plus tard. J'ai une haute opinion du journalisme, au sens d'un récit qui raconte le réel, mis en scène ou plus factuel, à des lecteurs présumés intelligents. J'ai un amour immense pour les chroniques chiadées, les petites gouttes de Médoc dans l'océan de Sangria, tout ce qui dénote du tout-venant. C'est proche de la mort, tout cela, et il faut de plus en plus creuser pour trouver son bonheur. Médias traditionnels et tentatives 2.0 se valent pour la plupart de médiocrité et ce ne serait pas tant de leurs fautes -le contexte est particulièrement pourri pour ce genre d'entreprise, reconnaissons-le- si beaucoup de projets ne s'ingéniaient pas à s'enliser sur des sentiers qui ne mènent nulle part et, au nom de l'expérience propre, ne montrer que mépris envers ceux qui ont déjà été s'échouer là. Mon crime, ma dissidence, mon hérésie, c'est juste de ne pas être d'accord avec des types qui n'ont pour ainsi dire aucune conscience de ce qu'ils font vraiment, estimer qu'ils perdent un temps dingue, rament dans un courant déjà largement cartographié malgré leur prétention de pionniers. C'est mon opinion et je pense exposer suffisament d'arguments pour que l'on puisse la considérer autrement que comme une salve d'insultes gratuites. Sinon, allez tous vous faire mettre par la moumoute d'André Lamy, les Twittos.
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mercredi 30 mai 2012

FEAR & LOATHING IN TWITTOS LAND






De samedi matin à mardi après-midi, j'ai fait partie de l'équipe d'Ultragonzo, un site participatif, expérimental et temporaire, de "journalisme" dit "subjectif". Ouvert le 25 mai, fermé le 25 juin, il compte en son sein de gentils gentils parfois un peu à la ramasse et quelques micro-célébrités qui prennent très mal la critique. Des Twittos, quoi. Récit de mes quelques heures d'ennui virtuel en leur compagnie.
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dimanche 27 mai 2012

COLLATERAL # 1



1. SUPPORT YOUR LOCAL SCENE

C'est en juillet 1997 que je me suis rendu compte que rock critic, c'était vraiment un métier de plouc, rock critic en Belgique francophone du moins, encore que la plupart des nerds drogués américains qui ont transformé le journalisme musical en entreprise de sous-traitance pour le marketing de la RIIA ne vaut pas beaucoup mieux. Je m'en souviens très bien, c'était au Festival de Dour. Cela faisait une nuit et deux jours que l'on y buvait sec, principalement de la vodka chaude et de la bière tiède, sans doute un peu rallongée au MDMA, ce que je n'ai jamais cherché à savoir, vu que ça m'allait. On était raides comme des pylônes à haute tension, attendant que ne débarque sur scène je ne sais plus quel groupe à la con, ne l'attendant même plus en fait, avec toute la purée de pois que l'on se trimballait entre les oreilles. Et se plante alors devant nous ce mec, on appellerait ça un troll aujourd'hui, et il nous balance sur un débit de speedfreak, avec la grimace de celui qui veut faire s'écrouler les psychés, que les magazines musicaux, c'est rien que de la merde. Que les journalistes sont tous des bites, qu'ils n'écrivent que des grosses conneries, souvent fausses et pas sincères pour un sou. Qu'ils ignorent tout des bons groupes, trop calés sur l'agenda promotionnel des firmes de disques et résignés à en vanter les daubes incubées. Que le temps que les articles se publient, de toutes façons, les « vrais » branchés ont déjà tous usé tous les « vrais » disques depuis 2 mois. Clair, ce troll cherchait le clash et du groupe que l'on formait, il y en a qui réagirent en soupirant, en levant les yeux au ciel, en se dispersant. Un autre gars, le genre à pondre des articles plus longs que des péniches, est parti dans une justification très foireuse, y allant avec le besoin vital de défendre la culture alternative, l'idée de croisade contre le mainstream, ce genre de couillonnade typique de ces années là. Moi, j'ai éclaté de rire. Balancé au mecton qu'il se trimballait une bonne tête de con, qu'il devrait se soigner sa petite peau, se trouver des t-shirts moins beaufs mais que sur le fond, il avait entièrement raison. C'est vrai que l'on faisait le métier le plus inutile au monde. Qu'il n'existait que parce que l'industrie le voulait bien. Que la meilleure image pour caricaturer un journaliste musical, ça restait le pique-boeuf, cet oiseau qui picore le dos des hippopotames. Que si, pour une raison ou une autre, les labels coupaient la pub et l'accès à l'info, nous coulions, et, si l'industrie trouvait un jour le moyen de promovoir ses produits sans passer par les relais médiatiques, il n'existerait plus aucune raison pour que ne subsiste une presse musicale. Le troll avait trouvé ça génial, s'était mis à me payer des coups mais au fond, c'était vraiment un garçon pénible, vraisemblablement en pleine montée d'ecsta et ce n'était pas la première du week-end. J'ai fini par l'envoyer chier, prétendre que je devais interviewer Henri Rollins et que je ne me priverais pas de lui dire que ses fans avaient vraiment des tronches de pénis fraîchement sortis de mains caleuses. Je crois qu'il s'est alors mis dans l'idée de me péter la gueule mais j'ai réussi à le semer et à ne plus le croiser le reste du temps que j'ai erré là. De toutes façons, j'étais accrédité et avec mon bracelet d'empereur romain, j'aurais pu le faire sortir du festival par la sécurité d'un claquement de doigt, ce connard. (à suivre...)
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lundi 21 mai 2012

KIKAPéTé?

Au concours du gros bitosse, depuis deux semaines, on remarquera le haut niveau de gagne de la plupart des dessinateurs de presse au moment de se moquer de François Hollande. Le nouveau président français est pour ainsi dire un inconnu, singulièrement sur la scène internationale, mais aussi en France, où il fut durant de longues années, au sein de son propre parti, médiatiquement éclipsé par les Aubry-Moscovici-Fabius et, surtout, par DSK. Autant dire qu'après les fastes années de la sarkozie, où les occasions de blaguer la politique poussaient aux arbres, la plupart des humoristes se retrouvent aujourd'hui le bec dans l'eau et l'inspiration à zéro face à ce nouveau président qui n'a pas l'air de traîner des casseroles et n'a encore commis aucune bourde significative, ni marquante. D'où, histoire de meubler, pléthore de dessins qui se moquent de son physique, de sa normalité, de sa prétendue mollesse ainsi que d'une certaine maladresse protocolaire. Bref, on en est revenu au niveau du « bon Roi Dagobert a mis sa culotte à l'envers » et l'humour politique français retourne en récré jouer à kikapété. Vivement, dès lors, que François Hollande fasse une très grosse connerie. Mais alors du genre vraiment énorme. Que le lol redevienne sauvage ! 
Chronique également publiée sur The Comedy Office (version beta)

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mardi 15 mai 2012

SOCIALEMENT RACISTE

Mardi 15 mai 2012, 17h10. Au moment d'éditer ces lignes, ma chronique sur la Belgian Gay Pride publiée ce lundi chez Focus a été recommandée sur Facebook par 787 personnes. Vu le sujet et le ton, le contexte aussi, je m'attendais bien à ce qu'elle fasse jaser mais pas à un tel buzz. Je n'y trouve rien de très politiquement incorrect, scandaleux, briseur de tabou, ronchon, mal-pensant. Rien de très Zemmour. D'où mon amusement, mon étonnement aussi, devant l'emballement. Celui-ci est en fait largement très positif. Les gens se marrent, même ceux qui ne partagent pas mon point de vue (forcé pour l'aspect comique mais sincère). Il y a bien quelques critiques de fond et de forme qui reviennent régulièrement mais cela fait partie des réactions on va dire « normales » à ce genre de publication. Que ma façon d'écrire est mode mais ne développe pas de vraie pensée ou que je tais sciemment les aspects sociaux de la manifestation dans un but caricatural, il n'y a rien à répondre à cela. Ce sont des opinions. Là où je tique un peu plus, tout en restant plutôt amusé du truc, c'est quand on en vient à des sous-entendus nettement plus tortueux, tordus, et tous comptes faits proches de la diffamation.

A cet exercice débile, le champion du monde de la semaine est un journaliste du Soir, dont je tairais l'identité, le but n'étant pas ici de provoquer des combats de coqs mais bien de tenir des notes amusées sur les coulisses de la publication de chroniques au temps du troll généralisé. Cette lumière de l'information régionale, d'emblée, tape fort. Voici ses propos :

(ce chroniqueur est) « le genre contre-contrepied très tendance. Mais à part ses capacités d'écriture, je ne vois pas ce qui distingue son opinion de celle du barman dont il parle. Barman, au passage, qu'il aurait semble-t-il félicité d'avoir zappé quelques beaufs de la Terre en fonçant dans la Gay Pride. Si j'avais des doutes, ce commentaire m'a convaincu que cette Gay Pride là a encore tout son sens: celui d'emmerder le beauf. Le vrai. »

Bref, zimzamzoum, me voilà traité de beauf (ce dont je me fous éperdument) mais aussi accusé de « semble-t-il » vouloir féliciter celui qui commettrait un meurtre de masse un jour de Gay Pride. Ce qui est ridicule, certes, mais aussi plutôt offensant. J'ai demandé au gusse qu'il m'explique un peu comment une chronique qui ne fait pas grand-chose de plus que de poser la question du discours sociétal noyé dans le folklore disco pouvait se transformer en petit pamphlet homophobe friendly. Voici sa réponse :

« Admettons que le fin esprit que vous êtes ne soit pas un intolérant fondamental qui se dissimule derrière la lecture « sociétale » d’une manifestation. Admettons même que vous ne soyez pas hostile aux homosexuel(le)s, malgré ce « en commettant ce crime abject, ce trou-de-balle de limonadier aurait surtout zappé de la surface de la terre une belle tripotée de gros beaufs ». On comprendra au moins que ce qui nous vaut votre billet, c’est une détestation de la manifestation de masse et de son principe forcément simplificateur, dont vous faites curieusement une spécialité belge alors qu’il s’agit d’une caractéristique des… démocraties. Vous préfèreriez, à vous lire, plaindre trois dissidents distingués chaussés de Gucci et sirotant une coupe de Pieper-Heidsieck, emprisonnés pour avoir brandi des panneaux vantant le style de Proust, les qualités guerrières de l’empereur Hadrien ou la voix de Freddy Mercury. Hé bien non : il y a eu 50.000 buveurs et buveuses de Cara Pils samedi au centre de Bruxelles, qui savaient qu’ils susciteraient des commentaires désapprobateurs comme les vôtres et ceux de votre barman, et qui l’ont quand même fait. Désolé de vous avoir dérangé. »

Bref, me voilà en plus d'être beauf et quasi-complice de massacre virtuel, également devenu intolérant fondamental, hostile aux homos, anti-démocrate, responsable de propos aussi abjects qu'une envie de carnage et dérangé par l'existence d'homosexuels qui ne répondent pas à mes critères de classe. Je passe le coup de « détester les manifestations de masse » parce que là, je plaide coupable, surtout pour les courses de Noël et le Festival de Dour.

Même si ses gazouillis n'engagent que le type en question, décidemment, tout s'éclaire quand vient Le Soir.

Le titre de ce billet, Socialement Raciste, est un hommage à une autre réaction, qui m'a été rapportée par l'ami de quelqu'un que le texte a visiblement outré. Je trouve cette expression immensément drôle.
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jeudi 10 mai 2012

DES FLICS DANS LA VILLE


Filmé à la Jean-Kevin Scott (le rénégat wallon de la famille de Ridley et Tony), rendu terriblement anxiogène par une voix off qui a visiblement appris le journalisme au cours de stages intensifs de modération de commentaires sur le site de la Dernière-Heure-Les Sports, Des Flics dans la Ville, la nouvelle émission de télé-réalité de RTL-TVI, est vraiment le genre de produit qui donne le cancer du cerveau et fait voter à droite. Ce qui est sans doute son but.

On y suit dans leur quotidien des flics de la Zone Nord de Bruxelles, coin de la ville qui est dépeint comme une sorte de cloaque plus proche du New-York City babylonien du film Taxi Driver que du gigantesque et propret mouroir pour vieux pochetrons des classes moyennes qu'est réellement la plus grosse partie des lieux (*). Si on se laisse hypnotiser par le montage serré, l'ambiance musicale terrifiante et les horreurs de la voix off, c'est pourtant The Wire, pas Derrick, la référence. Là aussi, c'est certainement le but.

Le storytelling à l'écran, c'est une chose. La réécriture dans mon petit esprit critique, tout à fait autre chose. Or, que voit-on réellement sur ces images ? Un simplet relativement bourré se faire gauler après avoir accroché une bagnole garée. Autant dire le délit de fuite du millénaire. Deux dealers se faire prendre en flag lors d'une opération coup-de-mou à défaut d'être très coup-de-poing. Ils ont énormément de drogues chez eux, c'est vrai. Par contre, je n'ai toujours pas compris en quoi un soldat tchetchène à moitié nu sur le téléphone portable de l'un d'eux en ferait un sérieux candidat au Jihad international ? Hahaha, plus le droit d'être homo et de kiffer les grosses mitraillettes ou quoi, à Schaerbeek ?

Autres affaires dignes de celle du Tueur du Zodiaque pour nos flics de (bi)choc : aller photographier les dames de la rue d'Aerschot. Ils appellent ça « mettre le fichier à jour » et à les voir minauder au comptoir du bordel, il est clair que le moment le plus passionnant de cette noble mission, c'est celui où il leur faut « introduire les données dans le port USB ». Nos amis de la police réconfortent aussi les « vieilles personnes » s'étant fait dérober leurs économies par de faux flics. Séquence émotion : il n'est jamais gai de voir pleurer une vieille dame qui vient de se faire chourrer 12 000€ par des escrocs. Sauf que dans la foulée, l'inspecteur nous explique que les types qui pratiquent ce genre d'arnaque ne se présentent pas à la porte de leurs victimes avec de fausses cartes de police mais bien avec la photocopie d'une carte semi-officielle française dont le drapeau a été recolorié au Magic Color et où la photo est en fait celle de... COLUCHE ! (je n'invente rien!!!)

Je n'ai pas tout suivi, un moment je me suis même carrément endormi. Il y a sans doute des gens qui frémissent, prient et pleurent devant ce type d'émission mais moi, soit je me gondolais sec, soit je ronflais de façon toute aussi généreuse. Il se fait que j'habite Bruxelles depuis toujours, que j'ai passé un certain temps dans les quartiers filmés et que mon père a sinon été flic durant plus de 35 ans. Des histoires de flics, j'en mange à chaque repas familial. A la tonne. J'ai aussi été journaliste et je le suis encore un peu, parfois. C'est de ce background que vient le rire. Un rire narquois, sarcastique, un peu méprisant même. Je ne ris pas des flics et des types qu'ils arrêtent, je ris de la façon dont on me le montre sur RTL-TVI. Parce que moi, quand on me raconte une bonne histoire de flic, que l'on me sert un chouette mélange de drôlerie et d'émotion, de bêtise et d'absurde, d'arbitraire dégueulasse et de rébellion idiote, je respecte cette réalité et ses nuances, et JAMAIS, JAMAIS, JAMAIS, je n'irais transformer cela à grands renforts de clichés, de jeux de con sur les peurs les plus primaires et de scénarisation flemmarde en minable petit conte moral uniquement destiné à faire de l'audimat chez les vieux pétochards et les beaufs pour qui Bruxelles est la salle d'attente de l'Enfer. Voilà donc ce qui me fait le plus rire, dans cette affaire : le cynisme des producteurs, la vue courte des journalistes. Le sujet en or qui se transforme en propagande pour l'aile dure du MR.

(*) durant le reportage, on ne voit jamais les coins vraiment hardcore de la zone couverte, c'est amusant!
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samedi 28 avril 2012

JIMBO


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mercredi 4 avril 2012

ALL TOGETHER NOW!



Le principe : résumer un classique du cinéma par son pitch le plus basique et de préférence drôle, voire trompeur. Quelques jours de démocratie participative et puis, compilation et best of un de ces quatres chez The Comedy Office. Vous pouvez vous lâcher ici ou sur Facebook...

Mi-bite, mi-cafard, il fout le souk dans un vaisseau spatial où il est permis de fumer.

Il manque de baiser sa soeur, son père est une ordure et son meilleur pote a été transformé en glaçon. Il n'ose pas être vénère de peur de devenir vraiment méchant.

Jeune puceau, il rêve de lapins et d'accidents d'avion.

Un employé du secteur tertiaire se prend pour Brad Pitt, se suicide et fait sans doute s'écrouler le système bancaire dans la foulée.

C'est Medal of Honor avec Tom Hanks.

C'est un encoulé qui encoule tous les encoulés de cette encoulée de sa mère de Miami Beach. T'entends, encoulé ? Je t'encoule.

Chef, on a retrouvé le caméscope d'un gros geek qui a continué de filmer jusqu'à ce qu'on lâche la bombe sur Central Park.

C'est un mec qui tue des jeunes et se fout de la gueule d'un dessinateur de cartoons, d'un journaliste alcoolique et d'un flic à noeud papillon pendant plus de 20 ans.

Ce con de flic a vraiment TOUT gobé.


On va aller dans ton rêve mettre trois autres rêves et si ça ne marche pas, le Niaouké sera tout vieux à la fin.

J'ai peut-être pas l'air bien méchant avec ma petite gueule, mon cure-dent et ma veste de gitan mais les mecs, je vous promets, faites pas chier ou ça va être le festival de la saucisse.

La fille est bonne mais la mère couche, ELLE!
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dimanche 1 avril 2012

LA FRITE GOES TO HOLLYWOOD

Après notamment ceci, voici une autre de mes contributions à The Comedy Office, site désormais en phase de beta-testing. Ma pomme au concept, my good pal Magic Magyar Matyas New Brol Order à la technique, voici un aperçu de la carrière à venir de Jérémie Renier. 

Acteur perfectionniste, véritable Robert De Niro du plat pays, Jérémie Renier brille en ce moment de 1000 ampoules de salle de bain dans le rôle du regretté Claude François. Tout donner, rien lâcher, le succès de ce film barracuda promet au jeune acteur belge de 31 ans une carrière internationale énormissime, la profession ne pouvant désormais plus se passer de ce talent formidable, de ce mental trop fort, qui lui permettent d'adopter le physique, la coiffure et le look de personnages connus jusqu'à la confusion mimétique la plus complète. Plus que de simples rôles, ce sont de véritables performances que nous livre le pétillant blondin et en totale exclusivité mondiale pour The Comedy Office, voici les 5 projets les plus palpitants auxquels est en ce moment attaché celui que l'on surnomme aussi déjà La Frite.








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mardi 20 mars 2012

LES ZOZIAUX SONT DES CONS

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dimanche 18 mars 2012

ALL YOU NEED IS LOVE


"The Spui, at midnight each Saturday, suddenly became the popular centre for everyone who was bored. And everyone is bored. The real importance of The Spui scenes was that they broke the system of isolation, based on permanent movement, characteristic of modern urban control -to rule, divide- and succeeded to a large extent in turning a public space in the middle of the city into a small uncontrolled enclave of freedom. This vortex rapidly grew in together all the city's dissident, bored and aggressive elements. (Beatniks, pleiners, nozems, teddy boys, blousons noirs, gammler, raggare, stiljagi, mangupi, mods, students, artists, rockers, delinquents, anarchists, ban-the-bombers, misfits... those who don't want a career, who lead irregular lives.)"

Heatwave, 2 (1967), cité par Jon Savage dans England's Dreaming (Faber & Faber, édition 2005)
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mercredi 7 mars 2012

L'AIGREFIN DE LA PALETTE GRAPHIQUE

Quand je pense aux métiers d'escrocs, ne me viennent jamais en tête les visions de gros bonnets, de banquiers, de politiciens. Je visualise plutôt le menu fretin : les agents immobiliers, les vendeurs de forfaits téléphoniques, les restaurateurs de coins touristiques. Je ricane aussi des concepteurs de jaquettes de films à la location. Ces mecs sont prêts à tout, vraiment. Il y a des articles entiers à écrire sur les énormités dégottables sur les pochettes de VHS, de DVD et autres Blu-Ray : acteurs « vus » chez Tarantino (15 secondes!), critiques dythirambiques complètement inventées, chipotages variés pour faire passer une série B pour la suite d'un carton au box-office. Cette dernière option a été suivie au moment de revendre Retreat sur le marché vidéo, un modeste thriller irlandais où l'on se demande tout le film si Jamie Bell, Thandie Newton et Cillian Murphy, trio isolé sur une petite île écossaise, sont en train d'échapper à une pandémie mondiale ou non. Virus, Cillian Murphy, militaire aux cheveux rasés avec du sang sur le visage... Boum ! Au moment de conceptualiser la pochette, on s'est dit qu'avec un logo bactériologique derrière le titre et le nom de Cillian Murphy au-dessus de la tronche de Jamie Bell ensanglanté (à qui ressemble drôlement Murphy durant une bonne partie de 28 Days Later), il y aurait bien quelques corniauds pour penser que Retreat est plus ou moins une suite, un reboot ou un rip-off à la franchise 28 Days/Weeks/Months Later. Ces films n'ont bien évidemment rien à voir. Retreat se rapproche sur le fond plus des Chiens de Paille que de la science-fiction apocalyptique et, c'est amusant, la pochette française semble justement faire référence au classique de Sam Peckinpah, où Dustin Hoffman y menaçait aussi pas mal son entourage au tromblon. Mais ça, c'est une enroule moins évidente et, de toutes façons, ces scènes là sont vraiment dans le film !

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lundi 5 mars 2012

LES REVES DE PRISUNIC

L'autre après-midi, je me suis endormi devant une rediffusion de Top-Chef et quand je me suis réveillé, sur Facebook et Twitter, ça ne parlait plus que de The Voice. Drôle d'ambiance « zorglondes », 15 Million Merits tout ça, et même si je ne rejette pas en bloc la télé-réalité (Kitchen Nightmare = über LoL), le genre Top-Chef et The Voice, cela ne me fait pas rire du tout. Le parallèle est peut-être un rien tortueux, peut-être pas, mais je ressens pour cette merde le même rejet que celui que j'éprouve pour les films hollywoodiens de l'époque à Ronald Reagan. Les vieux Tom Cruise, Rocky, Red Dawn, toutes ces vieilles crottes de droite au scénario bien néanderthalien. Si on gratte un peu, j'ai bien l'impression que les valeurs glorifiées par cette quasi-propagande old-con sont en fait identiquement les mêmes que celles de l'actuelle télé-réalité la plus sarkozyste. The best of the best of the best, Sir ! L'accomplissement par l'effort. Travailler dur pour gagner le droit de travailler plus dur encore. Remonter le rang jusqu'à la première place et... s'arrêter là. Ouais, c'est ça, le truc, en fait. Tous ces candidats désirent être les premiers du rang mais jamais en sortir. Se contenter d'un rôle de petit contre-maître, de manchabal du système. J'aime bien la fight et le darwinisme social mais quand on s'y pique, by my book, il faut viser la position de Galactus, du Foetus des Etoiles, d'Hugh Heffner. Pas le CDD de bon petit soldat de l'industrie chansonnière et encore moins la place de roitelet des brasseries bourgeoises prêt à être balayé au premier contrôle fiscal. Derrière toute scénarisation et mise en scène, il y a un message et celui de Top-Chef, The Voice et plus généralement Endemol, pue, parce qu'il ne glorifie que la vie la plus besogneuse. Et les rêves de Prisunic, comme disait l'autre. 

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