samedi 25 septembre 2021

LE JOURNAL DU QUINCADO (10) : LEGALIZE IT !

 


Septembre 2021 - Apprenant hier soir que Bac Nord était disponible sur Netflix-Belgique, j'ai lancé le film quelques heures plus tard, des fois que ça me donnerait du grain à moudre pour une chronique pro. J'étais aussi curieux de voir à quoi pouvait bien ressembler un film « politiquement irresponsable », que Le Pen et Zemmour ont l'air de considérer documentaire. Je n'en savais pas grand-chose de plus, n'ayant suivi de la polémique que les gros titres, sans ne jamais lire les articles en-dessous.


J'ai trouvé le film plutôt con mais pas mal, même assez bien foutu pour une production française. Tendu, direct, assez bien branlé. La scène centrale, quand les flics viennent chercher la schnouffe dans la cité, est plutôt cool, même si elle reste aux scènes similaires notamment vues dans The Raid, Tropa De Elite et True Detective ce que IAM est à Public Enemy. Il y a des passages marrants, aussi. Des dialogues pas trop mauvais. C'est assez mal joué mais ça va. Un film de dimanche soir, quoi. A voir (ou pas! Ce n'est pas immanquable du tout!) les neurones dans les pantoufles.


Comme déjà dit souvent, j'aime bien les flics abusifs au cinéma. Tout comme les films de fin du monde, alors que je préférerais de loin mourir dans mon vomi à 85 ans après l'osso buco de trop plutôt que de traquer des rats mutants pour les grignoter après l'apocalypse nucléaire. Pour les distraits : oui, on peut donc apprécier de voir à l'écran des choses que l'on estime inacceptables dans la réalité! C'est le pouvoir du divertissement et de la fiction.


Autrement dit, je n'en ai rien à foutre du racisme supposé ou de la violence gratuite de Bac Nord. Déjà, c'est un putain de polar et un putain de polar a généralement pour putain de vocation de grossir le putain de trait. Dans un putain de polar, même une putain de concierge qui sort ses putains de poubelles avant l'heure symbolise la décadence sociale et le laxisme étatique. Dans un putain de polar, j'estime donc que l'on peut très bien se servir du racisme sans que l'on soit raciste, ne fut-ce que parce que le concept même du racisme dope considérablement la tension nécessaire à l'ambiance de merde d'un putain de polar.


Devant Bac Nord, je vois donc uniquement de la fiction. Du cinéma. Des ficelles, grosses et grasses. Je pense dès lors que si Bac Nord fait à ce point polémique et que des journalistes plus militants que cinéphiles s'acharnent dessus, c'est parce que c'est un film qui ne semble pas comprendre ou vouloir comprendre quel est son problème et donc en discuter ouvertement. Or, je pense que celui-ci est simple. Pour fabriquer du cinéma plaisant et populaire, une équipe de cinéma a tricoté une fiction assez clichetonne en s'inspirant, mal, d'une réalité non seulement explosive mais pas assez transformée. La grosse maladresse de Bac Nord, c'est dès lors de sembler donner un point de vue tranché sur une affaire bien réelle et non pas juste s'en inspirer vaguement pour raconter autre chose. Ce qui me semble pourtant être le cas. 


Devant Bac Nord, je n'ai en effet jamais  pensé à la réalité sociale marseillaise ou au scandale véritable de la Bac Nord, il y a 10 ans. Ca m'a plutôt évoqué beaucoup d'autres films. Ca m'a donc surtout semblé être un film de cinéaste français plutôt moyen mais qui essaye de tourner à l'américaine, à la brésilienne, à la coréenne. Un film de gusse qui se fait plèze en moulinant un polar français qui ne ressemble pas à un épisode un peu gonflé de Navarro et ne donne pas le rôle du commissaire à Gérard Depardieu. Un truc qui cherche à se distinguer et, vu sa présence sur Netflix, aussi à se choper le public mondial,  tout comme la série Lupin.


My 2 cents, c'est que je pense donc que c'est un film de gens de cinéma qui n'ont pas compris que dans le monde actuel, il pouvait s'avérer explosif de filmer une banlieue comme d'autres ont filmé The Purge ou City of God, et de s'inspirer d'un scandale qui rend complètement toupie l'extrême-droite depuis 10 ans. Il aurait suffi de changer quelques détails, de transposer l'histoire 10 ans dans le futur et sans doute que ça passait crème... Alors, oui, peut-être que je me trompe et qu'il y a vraiment une volonté de foutre sur la place publique de la merde de nature à électriser Zemmour. Je n'en sais rien mais je ne le crois pas. Disons dès lors que j'opte pour la maladresse et le jemenfoutisme politiques, et que l'on ajustera plus tard si cela devait s'avérer un poil trop naïf de ma part. 


Ce qui ne change pas grand-chose au fait que Bac Nord n'est jamais que l'histoire de trois flics aussi volontaires que naïfs qui se font royalement entuber dans une situation qui les dépasse complètement. Dans ce film-ci, ça se passe à Marseille dans le cadre de la répression de la criminalité dans les cités mais des films racontant une histoire assez semblable, on en connaît qui se passent aux Etats-Unis et au Mexique dans le cadre de la guerre contre la cocaïne, au Moyen-Orient dans le cadre de la guerre contre le terrorisme et il doit même en exister qui se passent au Luxembourg dans le cadre de la guerre contre le blanchiment d'argent. Alors, sérieux, ce demi nanar : est-ce vraiment un pamphlet qui inviterait le monde politique à prendre ses responsabilités et à nettoyer les cités au karcher ? Ou juste un gros défouloir de série B, une énième version de la vieille fable des mecs qui se crament à force de vouloir bien faire, après avoir basculé peut-être pas totalement du côté de la Dark Side, mais très certainement dans l'illégalité ?


Tout ça pour un combat pas si héroïque et moral que ça. 


Et dont on connaît toutes et tous la seule bonne solution politique pour y mettre fin :


LEGALIZE IT!


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mardi 21 septembre 2021

MEDOR, LE CDJ & MOI  (communiqué officiel)

 

Il y a 2 ans, j'ai porté plainte au Conseil de Déontologie contre le magazine Médor et son journaliste Olivier Bailly, suite à un article en mode « Ligue du LOL made in Belgium » que j'estime toujours vraiment très problématique sur bien des points et qui aurait pu me faire éjecter de toutes les rédactions pour lesquelles je bosse.


Cette semaine, le CDJ a rendu son verdict : pour eux, cette plainte est non fondée.


Sans pour autant juger du fond, -si les accusations reprises dans l'article à mon égard sont pertinentes ou non, ce qui n'est pas de son ressort-, le CDJ estime donc que le travail d'Olivier Bailly ne présente pas de souci déontologique.


Ce n'est évidemment pas mon avis.


Du tout.


Pas plus que ce n'est l'avis de nombreuses personnes travaillant dans le journalisme et les médias qui ont eu accès à une vue plus globale de ce dossier. Cocasse : même un ennemi notoire actif à Reyers, dont je me suis foutu de la balle durant des années - exactement ce que me reproche Médor, donc - m'a avoué considérer cet article d'Olivier Bailly comme « de la merde ».


Ce sont ses mots. 


L'avis du CDJ serait-il donc biaisé ? Possible.


En tous cas, trois personnes au moins, dont surtout Martine Simonis et David Lallemand, auraient pu avoir la décence de se récuser du Conseil au moment de juger un dossier qui implique certaines de leurs grandes amies notoires.


Reste que cela ne change rien pour moi. Vraiment rien.


Dans ces personnes qui ont jugé cet article tout aussi problématique que moi, on en retrouve en effet qui me payent pour écrire. Cette année, cela fait d'ailleurs tout rond 25 ans que l'on me paye pour écrire. Je vais avoir 52 ans, je suis freelance, il me reste donc à priori au minimum 15 autres années à tirer dans ce qui est devenu un métier, dont le persiflage peut faire partie. Faudra s'y faire... 


Sinon, il se fait aussi que la plainte à la police évoquée dans le papier de Médor a visiblement été classée. Cocasse, là aussi : l'Inspecteur qui m'avait convoqué pour une audition ne m'a pas présenté les griefs retenus tels que Médor les décrit dans son article.


Bref, dans ma vie professionnelle et judiciaire, cette affaire n'en a jamais vraiment été une.


En 2019, elle fut définitivement réglée en quelques réunions, en quelques discussions téléphoniques et en 7 minutes chrono à la police.


Je ne fanfaronne pas.


Je n'avance pas du tout que j'en suis sorti victorieux et sans égratinure.


Mais il y a 2 ans, après m'être retrouvé bien seul face à un tsunami de merde qui aurait pu m'enterrer vivant, j'ai finalement été écouté, compris et soutenu plutôt que lâché. Merci encore aux personnes concernées, qui se reconnaîtront. Merci de m'avoir permis de retrouver pied et de prendre du recul plutôt que d'être lâché dans la nature en mode revanchard, bestial et furieux.


Aujourd'hui, le vent a un peu tourné. Chez certaines personnes impliquées, des méthodes pas du tout jouasses et un fond de commerce victimaire sont devenus flagrants. De nouvelles inimités se font faites. Aujourd'hui, tout le monde a bien compris que l'entre-soi médiatique, les chevaliers blancs, la croisade intersectionnelle, les fans de #SalePute et moi n'avons rien en commun, pas même une perception identique de ce qu'est la réalité environnante.


Aujourd'hui, je ne ressens donc pas le besoin de rétablir une vérité, ni de défendre ma réputation, parce que je n'ai qu'un mépris gigantesque pour celles et ceux qui s'évertuent à continuer de sous-entendre que je suis coupable de harcèlement moral sur des femmes journalistes et que le fait que j'ai obtenu ce soutien dont je parle est la preuve qu'existent des boys clubs dans les rédactions citées.


Aujourd'hui, je pense qu'il est clair pour toute personne dotée d'un minimum de jugeotte, y compris de vieux ennemis donc, qu'avec un peu plus de recul et de fact-checking, on peut simplement considérer le fond de ce dossier comme un tissu de gamineries qui ne méritait certainement pas un article dans la presse. Encore moins d'être inclus dans un dossier présentant des comportements potentiellement criminels.


En 2019, j'ai convaincu celles et ceux à qui je devais légitimement des explications.


En 2021, je me fous complètement de convaincre qui que soit d'autre.


Ce n'est pas tous les jours faciles de vivre avec une réputation exécrable.


Mais dans la réalité où je vis, c'est moins un boulet qu'un très bon filtre à cons.


Never forget, never forgive.


But life goes on...



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mercredi 1 septembre 2021

LE JOURNAL DU QUINCADO (9) : SANS PANTALON!

 

Septembre 2021 - Beaucoup de ce qui fait aujourd'hui le plus sérieusement du monde débat sur les réseaux sociaux, comme les réunions en non-mixité choisie, les questions de genre et la folle fixette sur tout ce qui serait systémique et oppressif dans notre société, a jadis fait l'objet de sketchs. Monty Python's, Snuls, Nuls, Inconnus, Saturday Night Live, Guignols de l'Info, 0SS 117... Je n'évoque pas ici le souvenir de comiques obscurs ou seulement appréciés des réacs, genre Marsault ou même Bill Burr quand il en rajoute des caisses dans la provoc, mais bien de grands classiques de l'humour et des punchlines restées célèbres (« c'est mon identitéééé ! »). Une rigolade qui se (re)trouve très très facilement sur You Tube, fort bien documentée et encore dans beaucoup de mémoires. Des trucs pas si anciens, certains même vus et revus. Alors, vous, je ne sais pas, mais moi, au moment de prendre la parole dans un cadre politique ou sur un podcast « engagé », d'écrire un article destiné « à faire bouger les lignes » ou même de simplement lâcher mon petit avis sur Twitter, il me gênerait quand même beaucoup que ce que je déblatère puisse être assimilé, quasi au mot près, à une déconne de John Cleese ou de Stéfan Liberski d'il y a 20 ou 40 ans. J'en serais carrément honteux. Plus honteux encore que d'avoir oublié de mettre un pantalon au moment de prendre le tram, comme cela arrive dans certains rêves tourmentés.


C'est d'ailleurs exactement pourquoi un certain discours autoproclamé progressiste ainsi que beaucoup de points soulevés par le féminisme post-moderne me gênent. Ce n'est pas que j'y sois totalement hostile, encore moins que je me sente menacé dans mon intégrité de quinqua cis quand des trentenaires prétendues queer estiment devoir m'éduquer à l'inclusivité. Leur trip crypto-sectaire ne tient pour moi pas d'une révolte, encore moins d'une révolution. C'est juste une mode identitaire un peu nigaude. Ca leur passera. Il en sortira même sans doute un peu de bon, dès que les déchets seront ramassés et quelques esprits un peu plus mâtures. Peut-être même qu'un jour, leurs déconstructions pour le moment rarement bien construites deviendront aussi pertinentes et marquantes que celles de ces génies rigolards de jadis ? Parce que bon, c'était drôlement comique, Life of Brian, mais ça promeut surtout une attitude qui reste 40 ans plus tard très salutaire face aux envolées idéologiques, aux dogmes, aux croyances, etc... Or là, on n'y est pas du tout et c'est bien ce qui est gênant : voir une nana à lunettes de première de classe de 1984, cheveux bleus et tatouages de moineaux, tenir un discours enflammé qui se prétend descendre de Simone de Beauvoir ou de James Baldwin alors qu'il décalque sans le savoir trois minutes carnassières et caricaturales des Monty Python's peut être très comique la première fois, mais ça n'en donne pas moins à la longue surtout l'impression de voir continuellement quelqu'un sortir en rue sans pantalon.


Cette vision m'est venue après m'être gondolé comme une andouille des heures et des heures suite à un thread sur Twitter où une jeune journaliste intersectionnelle, en plein trip « éducatif », compare très sérieusement les réunions féministes en non-mixité choisie aux Blanc-Moussis, une confrérie folklorique toujours interdite aux femmes. Ca m'a évidemment d'abord fait fort marrer parce que ça rappelle justement ce fameux sketch des Snuls (1990, je pense) où les enfants de Gilles de Binche ne veulent plus enlever leurs chapeaux à plumes en classe. Ensuite, vu que je continue de croire à l'évolution naturelle des mentalités, je me suis posé une question que je pense assez évidente : combien de temps encore avant que l'on n'ouvre justement ces confréries toujours essentiellement masculines aux femmes, à fortiori quand il s'agit de folklore masqué et déguisé où s'effacent l'identité et le genre (même si c'est plutôt phallique, un Blanc-Moussi...) ? Quel Grand Motoul doit prendre sa retraite ou commencer à grignoter les pissenlits par la racine pour que sa succession ne décide que la non-mixité, c'est quand même pas mal ringard, au XXIème siècle ? Autrement dit, est-ce que les réunions féministes en non-mixité choisie n'iraient pas tout simplement à contre-sens de l'évolution naturelle des choses ? 


Sans pantalon, évidemment...



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