Reprenons. En plus clair.
Moi, je ne trouve en rien scandaleux, ni même triste, que Cinq Heures, l'émission de la RTBF animée par Rudy Léonet et Hugues Dayez, s'arrête. Je n'en étais pas client. Ce n'est pas mon univers. A vrai dire, je ne comprends même pas comment on peut vouloir animer et écouter une même émission durant 30 ans. C'est juste mon avis. Un truc que je pense vraiment. Zéro provoc, zéro moquerie. Mon cerveau est ainsi câblé que j'aime les propositions courtes : Joy Division plutôt que New Order. The Office UK plutôt que The Office US. Radio Cité, pliée en seulement 8 ans, plutôt que Classic 21, là depuis plus de 20. De Caunes à Rapido plutôt que De Caunes à Nulle Part Ailleurs. Ce genre.
Ce que je trouve en revanche scandaleux, c'est de publier des articles vite branlés juste destinés à foutre la personne qu'ils entendent emmerder dans la sauce, sur base de vieilles rancoeurs et de témoignages anonymes. Ce que j'ai critiqué dans mon billet de blog précédent, Voici Le Temps des Assassins, en étant peut-être juste un peu trop cryptique et allusif. En nettement plus cash, disons donc que je n'en ai rien à branler que Rudy Léonet poussait des gueulantes (ou pas) sur son personnel lorsqu'il était directeur de Pure FM, de 2003 à 2015 ! C'est peu élégant mais pas encore criminel. Personne n'a d'ailleurs porté plainte. Elle est où, dès lors, l'info ? Il est où, l'intérêt général ?
Cet article du Vif dont je parle évoque le « management toxique » de Rudy Léonet, ce qui relève de l'ad hominem, en zappant complètement le fait que Léonet est en fait aujourd'hui lui-même victime de management toxique. Ce qui ne relève pas d'une sorte de retour de karma bien mérité mais d'une politique managériale qui envenime totalement l'environnement de travail à la RTBF, à tous les niveaux, à tous les échelons et depuis pas mal de temps. Quelque chose dont Léonet a peut-être été un rouage, il y a 10 ou 20 ans. Ou peut-être pas. Pas le pire, quoi qu'il en soit. Voilà. Ca, c'est un VRAI sujet. S'attaquer à la "machine à broyer", comme l'a dénoncée très courageusement Benjamin Schoos sur Facebook ce dimanche 6 juillet 2025.
Enquêter et écrire là-dessus, pousser les responsables et les politiques qui les chapeautent -tous bords confondus - à se remettre en question en dénonçant leurs errances éthiques. Voilà qui est beaucoup plus important (et journalistiquement valorisant) que de savonner la pente vers la retraite définitive de quelqu'un qui n'a aujourd'hui plus aucun pouvoir et n'en avait, à vrai dire, déjà plus beaucoup depuis 10 ans.
Vital même. Parce que ce « management 2.0 » comme la RTBF le qualifie très pompeusement a déjà conduit 4 personnes au suicide depuis l'an 2000 et que plutôt de se questionner sur leurs responsabilités dans ces morts, les décideurs ont simplement grillagé les fenêtres du 11ème étage, histoire de rendre impossibles les défenestrations. Avant de continuer tranquillou à pressuriser et mépriser le personnel technique, les pigistes, les stagiaires, les petites mains, les sans noms et même certains journalistes aux dents ne rayant pas assez les parquets. Tout en passant la pommade aux divas des micros et autres directeurs inaptes. Notamment en ignorant sciemment leurs caprices, leurs saloperies et leurs harcèlements.
Oui, des violences à la RTBF, pas que psychologiques d'ailleurs, j'en connais de bien plus gratinées que les gueulantes de Léonet décrites dans Le Vif. Dont pas mal impliquant de grandes figures des luttes intersectionnelles, d'ailleurs. A la RTBF, on fabrique des burn-outs, des bore-outs, des dépressions, du stress à la tonne et puis Viva For Life, de mauvaises chroniques, de l'info et de l'entertainment. Quasi dans cet ordre. Et les journalistes très férus de lutte sociale -à la Médor, le fan-club d'Edwy Plenel-, pourtant censés être sur la balle au moment de dénoncer le harcèlement moral, la toxicité hiérarchique et l'oppression systémique, regardent toutes et tous ailleurs.
Parce que évidemment, s'attaquer à ça, c'est dire adios à toute possibilité de carrière sérieuse dans les médias, puisque malheureusement, la RTBF, qui ne serait forcément pas du tout contente de voir dévoilée sa popote interne bien rance, reste l'un des seuls débouchés permettant de vivre du journalisme en Belgique francophone. C'est aussi miné parce que le milieu est petit, sournois et incestueux. Même Médor, Wilfried, Imagine, Axelle et Le Vif gagnent à être en bons termes avec la RTBF, où c'est toujours win-win d'envoyer des chroniqueurs y vendre leurs compotes du moment.
Vincent Flibustier avait osé s'attaquer aux coulisses de Reyers, il y a quelques années, quand il voulait fabriquer un journal sérieux à côté de son Nordpresse. Ca n'a duré que le temps d'un article, curieusement impeccable. Kairos aussi a pondu quelque-chose en 2023, moins bien... Mais qui lit Kairos et puis, surtout, qui a envie de faire mieux que Kairos quand on sait ce que Kairos se prend sur la gueule partout, tout le temps ? Perso, les complotistes me font sourire. Pas les corporatistes. Jamais.
Depuis, nada. Des journalistes pour jouer aux concierges en allant renifler les poubelles à la recherche de vieilles capotes qui ne devraient pas y être et de brouillons de lettres d'insultes, oui. Des tas. Des kamikazes à couennes dures, avec une bonne assistance juridique et l'envie de taper un coup qui sauvera des vies à défaut de leurs fins de mois, par contre... Bernique.
I send a SOS To The World.