Je n'ai pas vu Transformers 4 :
The Age of Extinction et je ne compte pas le voir. Je déteste
cordialement ce genre de films, ce n'est pas du tout ma came. Quand
on en vient à écrire sur le cinéma avec la prétention d'informer
le public, je ne pense toutefois pas que l'on puisse encore balayer
un produit de ce type d'une bête chronique pleine de poncifs. C'est
sur Cracked.com ou Den of Geek, je pense, que j'ai appris que si,
depuis quelques années, tous les blockbusters se ressemblent, c'est
principalement du fait qu'une sorte de Grand Gourou du Script
Post-Moderne a vendu sa méthode jackpot de merde à la plupart des
producteurs actuellement en activité (ces mecs sont des industriels,
pas des artistes : rentrez vous ça dans le crâne une bonne
fois pour toutes!). J'ai aussi lu, cette fois dans Mainstream de
Frédéric Martel, que le principal public désormais visé par
Hollywood n'est plus américain, ni européen, mais chinois, voire
arabe. Ce qui explique, dans la plupart des films actuels, les
couches de propagande libérale, de politiquement correct et
d'archétypes à la louche. On ne heurte pas les sensibilités des grands marchés émergents. J'adore sinon le concept de « destruction
porn », qui se moque de cette manie de détruire des villes
entières dans le moindre bouzin de super-héros ou de monstres.
Bref, il y a matière à écrire, dénoncer, se moquer et jubiler à
partir de cette pop-culture à la con et Cracked.com le fait très
bien. Ici, en Belgique médiatique, notamment dans Le Soir, on préfère par contre toujours
se draper dans une posture d'esthète indigné dès qu'un film se
montre trop enfantin, simplet, commercial, pop-corn. Le chroniqueur
Nicolas Crousse l'a encore démontré ce mercredi matin avec une courte chronique au sujet de Transformers 4 aussi ridicule que mal
torchée, en fait carrément scandaleuse.
« Gageons, (écrit Crousse),
qu’il se trouvera quelques inconditionnels du genre pour adopter ce
grand jeu vidéo filmé. En ce sens, le service minimum de ce
blockbuster d’été est garanti. Mais c’est à peu près tout. Le
quatrième volet de Transformers ressemble à une bouillabaisse
californienne (celle avec moult pop-corn et ketch-up), qui
revisiterait dans le désordre Fast and furious, King Kong,
Noé, La guerre des mondes ou même Godzilla.
Autrement dit, des belles bagnoles, de grands singes de ferrailles,
des bastons d’extraterrestres, des tours
infernales… Transformers est en somme à Hollywood ce que
la musique de Richard Wagner était au régime hitlérien : un
hymne national ! »
Un. Dire d'un film bourrin qu'il
fait penser à un jeu vidéo est une erreur classique de critique
déclassé, voire franchement réac. Il existe en fait très peu de
films qui donnent réellement l'impression d'un jeu vidéo filmé et
ils n'ont pour la plupart RIEN A VOIR avec un blockbuster classique,
notamment beaucoup plus sinueux dans la narration et davantage
immersifs que le « Pan dans ta gueule » habituel. Je
pense à Matrix 1, Silent Hill, Avalon, Existenz et, plus récemment,
The Edge of Tomorrow, le moins mauvais des Tom Cruise récents. Par
ailleurs, Transformers est surtout une adaptation filmée d'un dessin
animé lui-même dérivé d'une ligne de jouets. Les jeux vidéo ne
sont qu'assez accessoires dans cette franchise.
Deux. La bouillabaisse
californienne existe et ni pop-corn, ni ketchup n'entrent dans sa
recette. Celle-ci est même carrément plus
fancy, je trouve, que la façon de touiller la bouillabaisse française traditionnelle.
Bref, après « le jeu vidéo, c'est pour les idiots »,
voilà qu'on nous fait comprendre que « les Amerloques n'ont
aucune culture culinaire ». Mon cher ami, faites vous donc plaisir,
vous reprendrez bien une louche de ce bon gros clicheton des familles ?
Trois. Si Transformers 4 a l'air
de revisiter « dans le désordre Fast & Furious, King Kong,
Noé, La Guerre des Mondes et même Godzilla », il ne faut tout
de même pas oublier que ça reste en fait l'adaptation live de l'arc
narratif des Dinobots, dont la version en dessin animée a débuté
aux Etats-Unis le 27 octobre 1984, alors que Vin Diesel n'avait même pas encore passé son permis de conduire. Par ailleurs, moi, je ne vois
quasi aucun point commun entre le King Kong bien geek de Peter
Jackson, le Noé quasi sous ecstasy d'Aronofsky et un Godzilla lent et arty surtout éhontément pompé de Cloverfield. Qui était une putain de bonne
surprise punk, celui-là... En matant la bande-annonce, je trouve
sinon que Transformers 4 ressemble surtout à Transformers 3. Et à
The Avengers, qui n'aura cesse d'être copié pour les 20 ans à
venir par tous ceux qui espèrent gagner ne fut-ce qu'un dixième de son tout gros tas de dollars.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire