mercredi 5 février 2020

LE JOURNAL DU QUINCADO (1)


FIN 2019 – DEBUT 2020 Alors que j'avais surtout envie d'écrire sur une attaque d'araignées géantes, Alan Moore, Northampton, le groupe Love & Rockets et cette fameuse « production FM » de 1985-1986 qui faisait sonner bazouf tous les groupes post-punk anglais dans le seul but de percoler le marché américain, Quentin Jardon du magazine Wilfried m'a proposé de me charger d'un portrait de l'ex-ministre Carlo Di Antonio...

Une mission a priori amusante mais impossible. C'est que du temps où je m'occupais du magazine RifRaf, Carlo Di Antonio était (indirectement) l'un de mes patrons. C'est à lui que je dois l'étiquette de « bon journaliste ingérable », un bien beau compliment de sa part. 25 ans que l'on ne s'est pas croisés et à quoi bon changer ça, au risquer de faire tanguer l'équilibre de l'univers ?

J'ai donc refusé cette commande et l'un dans l'autre, j'ai finalement décidé de prendre mes distances avec le journalisme politique. Cela ne veut pas dire que je claque la porte du magazine Wilfried. Il y a un article déjà fini au frigo qui devrait être publié dans un prochain numéro et je proposerai sans doute encore d'autres choses à la rédaction : des errances urbaines un peu politisées, de la psychogéographie sociale, des trucs rigolos quoi... Mais interroger des ministres et m'intéresser à leurs parcours, en fait, ça me gave. Surtout dans le contexte actuel où un bon scrutin au lance-flammes ne tiendrait tout de même pas du luxe.

Je fais sinon partie de ceux qui estiment que pour mener de bonnes interviews, il faut vraiment vouloir connaître la réponse aux questions que l'on pose. Or, si quelqu'un comme François Brabant, le rédacteur en chef de Wilfried, est vraiment passionné par les coulisses et les rouages de la politique, les parcours des uns et des autres, leurs pensées, leurs emballements, leurs projets et pourquoi ils se lèvent le matin, moi pas. Je ressens éventuellement ça pour les Chemical Brothers (je cite volontairement un nom ringard), pas pour Jean-Marc Nollet.

J'ai désormais 50 ans aussi et ça joue fort, ce genre de cap. On commence à estimer le temps qu'il reste et comment remplir ces journées sans trop se fourvoyer. Or, à l'heure du triple bilan demi-siècle – fin de décennie – fin d'année, il m'est tout de même paru assez évident qu'au moins ces journées seraient truffées de politiciens et de journalistes, au plus il y aurait de la place pour du fun, de la culture, des trucs, des machins et des couillonnades qui m'emballent VRAIMENT. Parmi lesquelles des scénarios avec des araignées géantes et des portraits du groupe Love & Rockets, donc. Et tenir une sorte de journal, aussi, chose pour moi inédite : sans contrainte, sans trop d'autocensure, ni de ligne éditoriale, ni même d'envie de lancer une conversation. Sans même m'attendre à être lu, en fait. Juste comme ça, pour l'expérience. Le quincado vous salue bien.