mercredi 12 avril 2023

LE JOURNAL DU QUINCADO (24) : LE VILLAGE DES DAMNES DE LA TERRE

 


Avril 2023 - J'ai vécu avec des militants Ecolo qui voyaient en moi un anar de droite. J'ai vécu une histoire de plusieurs années avec une Française de Bruxelles qui votait Chirac en y croyant vraiment et travaillait pour un type affilié au MR. Pour elle, politiquement parlant, j'étais juste un gaucho de base. Durant 10 ans, j'ai taffé sous statut indépendant et j'ai bien pesté contre les versements anticipés, les charges à se flinguer, l'idée de cotiser pour aussi subsidier les buvettes du Parlement. Mais comme j'ai aussi passé suffisamment de temps en Angleterre pour bien sentir ce qu'est une contrée livrée à la main invisible du marché (non, ce pays n'est pas pour le vieil homme, surtout sans le sou), je n'ai jamais été totalement hermétique à l'idée de service public performant, donc largement financé par la taxation. Cherchez pas ! Il est en fait impossible de politiquement me cataloguer. Lorsque je fais un test électoral comme la RTBF en propose en périodes d'élections, le résultat me donne à chaque coup électeur potentiel du PTB. En tant que fan absolu de John Le Carré et ayant lu et relu Orwell, Kundera et Soljenitsyne, en plus de penser comme Susan Sontag que « le communisme est une sorte de fascisme ayant réussi », il est toutefois hors de question que je vote un jour pour ces chiens rouges ! En Belgique, alleï une fois, j'ai quand même bien aimé la période Verhofstadt, qui a le mérite d'avoir aligné quelques avancées « éthiques » et « morales » importantes. Mais bon... Pas difficile de retenir cette législature comme l'une des meilleures vu qu'avant c'était dégueulasse et que depuis c'est Clochemerle. Je ne suis pas centriste non plus. En fait, je suis principalement contraire. En présence de droitards, je ferai mon Ché et en présence de gauchistes, je ferai mon Trump. Je ne suis cela dit ni une page blanche, ni une girouette. J'ai des convictions. Internet, l'eau, le chauffage, la médecine et les transports publics devraient être gratuits. Les politiciens interdits de réseaux sociaux. Le hashish et le micro-dosing en vente libre. Les flics mieux formés, psychologiquement régulièrement évalués, et virés à la première bavure, avant d'être inscrits dans des fichiers inaltérables comme il en existe pour les pédophiles... Je crois à des choses du genre. Sans plaisanter.


Dans ma vie d'électeur, j'ai pourtant principalement voté Ecolo. Du temps où c'était un parti de hippies d'abord et de bobos fréquentables ensuite. L'ennui, c'est qu'en s'embourgeoisant et en tâtant du pouvoir réel, Ecolo n'est pas devenu une gauche caviar performante, comme l'ont jadis par exemple été le PS français des années 80, les Dems américains sous Clinton et Obama et le Labour de Tony Blair (d'avant la guerre en Irak). Ecolo s'est plutôt transformé en nouveau CDH. L'archétype du parti neuneu et inutile dans l'ADN duquel subsistent des idées religieuses (new-age, surtout, chez Ecolo) et franchement réactionnaires (imaginez que l'on trouve une énergie propre qui ringardise le nucléaire et l'essence, tout en rendant le vélo obsolète, et imaginez ensuite leurs tronches). Quand Ecolo s'adresse aux adultes, le cœur de cible donne l'impression d'être la famille traditionnelle, bien middle of the road : papa + maman + 3 chiards aux noms horribles, genre Timothée, Anaëlle et Usul du Turfu. Ce sont les Missionnaires du Royaume à venir, leur fameux « monde plus chouette ». Ce qui est complètement con, un vrai déni de réalité. Une incohérence majeure dans le discours du parti aussi, parce que je ne pense pas que l'on puisse oeuvrer à ce que le monde devienne plus « chouette » tout en clamant en même temps que celui-ci est en danger de mort imminente. Le changement climatique va tout cramer, on est en pleine extinction de masse... Il faut un discours fort face à ça. Un plan de nature à rassurer, du concret même difficile à encaisser, encourager la recherche surtout. Quelque-chose d'un poil plus convaincant et fédérateur en tous cas que davantage de pistes cyclables, des poulaillers communautaires et du dégonflage de pneus de SUVs.


« - Ca va être la guerre, Maman ? La fin du monde ? »

« - Peut-être mais c'est pas grave, mon Usul du Turfu. Regarde comme elle est chouette, la poule... »


Il y a surtout de l'infantilisation chez Ecolo, ouais. Le pire étant que si les adultes y pédalent beaucoup dans la choucroute, la relève fait carrément des châteaux en Espagne de cette même choucroute. Tout le trip Ecolo J/Margaux De Ré. Ielles ont vu 3 minutes Alexandria Ocasio-Cortez sur You Tube et se sont dit « waow, en voilà un modèle à suivre ! ». Génération TikTok, députées influenceuses. Plus aucun orteil sur Terre. Ca se détache de la capsule, ça flotte dans le cyberspace. Dites le fort : sommes jeunes, sommes woke!


Il y a à peu près autant de définitions du wokisme que de Schtroumpfs dans l'oeuvre de Peyo, alors voici la mienne : pour moi, le wokisme est la faction la plus radicale, immature et franchement délirante du progressisme. Une perversion comme l'extrême-droite l'est à la droite classique, l'islamisme à l'Islam et les conversions par l'épée à la foi chrétienne. Une faction n'implique pas du tout ce dont elle est proche ou de quoi elle émane. Tous les gauchistes ne dansent pas dans la rue au moindre post Instagram de Sarah Schlitz. Les Forces Vives du Progrès auraient même je pense souvent tendance à se demander pourquoi faire passer l'écriture inclusive et les Tampax gratuits avant la lutte des classes et le Grand Soir syndicaliste. Hashtag Not All Gauchistes, donc. Il me semble sinon encore aller de soi que l'idée de militer pour les droits des minorités, y compris de genres ; défendre la possibilité d'avortement et l'égalité salariale sont des bonnes choses, des choses nécessaires. Encore faut-il que l'analyse de ces problématiques se base sur des réalités et non des interprétations tartignolles, révisionnistes et masochistes; voire de purs fantasmes de persécutions. Or le wokisme, incontestablement, non seulement délire plein pot, en mode théorie de conspiration avec les vieux à la place des Juifs, mais, surtout, infantilise lui aussi : « On va t'expliquer », « On va t'informer », « On va te déconstruire ». Et pan-pan cucul si t'écoutes pas ou que tu poses des questions auxquelles on ne peut pas/ne veut pas répondre.


Voilà ce qui désole des gens comme moi : que des idées à la base nécessaires et importantes soient noyées dans une idéologie aussi douteuse qu'imbécile et défendue par des illuminés qui ont du monde une vision binaire (HAHA !) : eux et puis les méchants réacs. Jamais de remises en question, jamais d'amendements, ni de corrections d'erreurs pourtant flagrantes. Un trip pilule rouge à la Matrix, où il s'agit de reprogrammer totalement un Système. Une croisade, autrement dit. La pire gaminerie woke étant d'en nier l'existence, prétendre que ce n'est qu'une chimère pour boomers, rien qu'un élément de langage d'extrême-droite. Les dégâts que les gros sabots du wokisme ont pu générer dans la culture, les médias et le monde académique sont pourtant fort bien documentés. Dans un premier temps, l'extrême-droite n'était d'ailleurs pas du tout concernée et n'avait même pas conscience de l'émergence de ce courant de pensée. Le wokisme tenait alors à la fois de la purge et de la révolution culturelle strictement internes au progressisme. Ce n'est que lorsque l'extrême-droite s'est rendu compte que la gauche s'autobouffait et que des éléments radicaux devenaient mainstream qu'elle s'est emparée de la thématique avec toute sa subtilité naturelle : gröbbe rigolade, panzerkrieg ! C'est pourquoi un discours et une position comme les miens sont inaudibles d'ailleurs. Aux gamineries des uns répondent les gamineries des autres. Or, dans les bacs à sable, il s'agit surtout de choisir son camp. Pas de renvoyer les factions dos à dos. Qui va me suivre, en ces temps avant tout militants et donc d'extrême mauvaise foi, dans l'idée qu'en adoptant des postures tellement outrancières, cette gauche woke a en fait donné à l'extrême-droite le bâton pour se faire battre ? Tout en perdant ses alliés naturels et en faisant oublier la raison d'être de la gauche plus traditionnelle : cimenter la société autour d'une utopie séduisante plutôt que de la diviser en multipliant les propositions jadis justement décriées dans les dystopies, y compris sarcastiques. Vous avez revu récemment Demolition Man avec Stallone  ou Los Angeles 2013 de Carpenter? Vous avez aussi fait le rapprochement avec les tweets de Sandrine Rousseau?


Evoquons maintenant l'une des armes principales utilisées dans cette guerre, la catapulte à bouse du moment : la cancel-culture. La Dernière Tentation du Christ, Baise-Moi, tenter de virer les gouines non-caucasiennes de Star Wars et du remake féministe de Ghostbusters... C'était à la base une occupation de droite, indéniablement. Seulement voilà : pour contrer ces volontés de censures bigotes, on pouvait compter sur la gauche. Encore que dès l'affaire Rushdie en 1989, il y eut bien quelques abonnés absents du côté du Progrès au moment de défendre la liberté d'expression et que cela n'a fait que se déliter encore plus depuis (Charlie...). En 2023, au moment de compter les points, on peut même avancer qu'une certaine gauche sabote bien davantage la liberté d'expression que jadis l'extrême-droite, qui ramait généralement quand même pas mal dès qu'elle essayait de convaincre sur les questions éthiques et morales au-delà de son cercle de base 100% faf. Ce qui n'aide pas, c'est que la gauche woke a en fait beaucoup plus de lubies que l'extrême-droite. Quand elle cherche à dégommer du paysage ce qui ne lui sied pas, ça peut frapper n'importe quoi, n'importe qui, n'importe où et les frappes ne sont jamais franchement chirurgicales. La cancel-culture d'extrême-droite -hors-ratonnades et menaces d'attentats s'entend-, restait plutôt ciblée, folklorique et malhabile, alors que les wokes y vont généralement à la bombe thermobarique. Au nom de l'inclusivité, émerge donc un nouveau climat de Terreur, qui a déjà fait beaucoup de mal sur les campus, dans les médias et dans l'industrie du divertissement. Toute personne n'étant pas d'accord avec des vues aussi dogmatiques qu'incompréhensibles, voire absurdes, a désormais des raisons de craindre pour la suite de sa carrière. Pour avoir des emmerdes avec l'extrême-droite, fallait plutôt imaginer Notre Seigneur Jésus-Christ descendant de sa croix pour aller aux putes ou taper du soft porn lesbien et "inter-racial" en prime-time sur France 2. Pour avoir des emmerdes avec les wokes, faut juste s'en tenir à la définition existant depuis des millénaires de ce qu'est une femme ou confondre transsexualité et travestisme. Entre dizaines et dizaines d'autres « fautes » mineures pourtant punies de mort symbolique et sociale. C'est absurde, c'est irrationnel. C'est donner à des Enfants-Rois récemment sevrés de Ritalin un pouvoir de vie et de mort sur des adultes qui ne comprennent même pas vraiment leur charabia. Ca s'imagine Zion dans Matrix et c'est juste le Village des Damnés. De la Terre, huhu.



22 commentaires:

  1. J'ai aussi cette théorie depuis une dizaine d'années : Ecolo est devenu le repère des fils et filles de parents PSC . Il ont juste remplacé le catéchisme par la permaculture. Mais bon, ils sont rigolos, ils font exactement la même chose que leurs parents (qui fréquentaient à la fois le cours de yoga et les Equipes Notre-Dame) et finalement assez inoffensifs comparés aux wokistes des campus. Là c'est en effet une autre bibine, à laquelle mon mémoire de fin d'études s'attaquait au mitan des années 90 ( j'y parlais des campus américains et prévoyait un impact chez nous 20 ans plus tard) . Plutôt de gauche, je me définis comme marxiste au sens suivant : le wokisme et toutes les luttes intersectionnelles n'ont qu'une finalité : atomiser les groupes socio-économiques pour mieux favoriser la doxa libérale. Il n'est pas anodin de noter que toutes les grandes marques ont adopté une politique ultra-woke. Et de noter aussi que le wokisme est porté certes par des personnes racisées ou issues de minorités; mais quasi-toutes dotées d'un capital économique et /ou cutlurel qui les exclut des groupes dont elles se font les soi-disant porte-paroles. Donc on a une classe moyenne qui disparaît, non seulement économiquement mais aussi politiquement, sous des injonctions innombrables et contradictoires qui détournent des revendications de base : eau, gaz , électricité, internet, soins de santé, éducation pour tous . Et finalement la classe sociale qui a le plus de solidarité est celle des ultra-riches. Qui sont d'une cohérence extrême et ne laissent absolument rien passer politiquement. Seule éclaircie : la mobilisation des jeunes en France contre la réforme des retraites. On sent une légère repolitisation et un intérêt pour les corps intermédiaires style syndicats, que la Macronie et toute la Start up nation croyait pourtant avoir décapités. Il n'est pas non plus anodin que l'ennemi juré de Macron est Laurent Berger ( leader CFDT - président de la confédération européenne des syndicats) . Si j'ai donc une conviction, c'est que la lutte pour les objectifs précités ( eau, gaz , électricité, internet, soins de santé, éducation pour tous ) est première, et que toutes les autres "luttes" (même capitales : défense de l'environnement, lutte contre les discriminations de race, de genre, etc... ) ne sont à envisager qu'après. Juste une question de méthode, donc.

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    1. Yep. En 2000, Naomi Klein concluait d'ailleurs dans No Logo qu'une des grandes erreurs des activistes identitaires de cette époque, le début des années 90 donc, a été de zapper complètement le problème majeur de la répartition des richesses de leurs centres d'intérêts, d'études et de revendications. Et le mouvement s'est éteint de lui-même dès que récupéré par les médias et la publicité. C'est sans doute aussi un problème de maturité : No Logo est un peu couillon alors que les bouquins suivants de Klein, écrits alors qu'elle prenait de l'âge, sont bien meilleurs!

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  2. Le sujet est bien sûr inépuisable. Mais le rapprochemet fait entre écologie et religion est intéressant, surtout lorsqu'on étudie cette frange de l'écologie chrétienne ( mon corps ne peut être pollué par la pilule,etc...) Il y a là des convergences de fond assez fortes. Tout comme dans le rapprochement mouvement woke / doxa néo-libérale. Le libéralisme politique et économique est tout à fait compatible avec l'idéologie cancel-culture. Des émissions comme "Quotidien" en sont un parfait résumé. Quotidien est à la pointe de la déconstruction, mais bon c'est quand-même les casques Bouygues derrière, donc on sait déjà qui va "reconstruire". Et tout est à l'avenant. C'est en tout cas la seule grille de lecture que je trouve actuellement pertinente...

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  3. Je n'ai pas vu Quotidien depuis perpète mais rien que le fait que ça passe désormais sur TF1 montre que les pantalons se tournent aussi vite que les yeux chez ces gens là. Ca me rappelle que Manu Chao sortait des disques sur Virgin à l'époque où Virgin faisait partie du groupe Thorn. Le même qui était spécialisé dans le guidage des missiles de croisière :-)

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    1. c'est sur TMC, le groupe TF1... Ils font de la cancel-culture Pierre Bergé ( luttes intersectionnelles limitées aux défilés de haute-couture). Ils font un peu dé pédagogie mais surtout pour expliquer le monde aux élèves d'Henri IV ou Stanislas... C'est assez rigolo ou terrifiant , ça dépend comment on le prend.

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  4. Mais j'avoue ne suivre absolument pas le débat politique belge, et encore moins le débat francophone. Ce territoire est est complètement lunaire et imperméable à toute cohérence idéologique. L'absence de parti d'extrême-droite en Wallonie est une aberration. Ce qui fait que c'est le chef de la trbu libérale qui s'est saisi du tomahawk "anti-woke". Ce qui est tout-à-fait incongru conceptuellement pour n'importe quel étudiant en sciences-politiques. Un libéral qui va chasser ( et récolter) sur les terres réactionnaires. On croit rêver, comment les autres partis se laissent-ils "corneriser " à ce point sur ce sujet ? Mais donc, en gros la Wallonie (et Bruxelles aussi, ne mégotons pas) , c'est un peu le monde inversé, le freak show en permanence. Le wallon est totalement imperméable à ces sujets-là, ce qui au fond est peut-être rassurant. Du moment que le barbecue fonctionne et que la Foire de Libramont a lieu, circulez, y a rien à voir.

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  5. La Wallonie et Bruxelles n'ont surtout de la problématique woke qu'une vision viciée par le débat français, bien branquignolle. Il faut voir ce qui se passe aux Etats-Unis et en UK, tout spécialement en Ecosse, pour se rendre compte que ce n'est pas à la base un délire d'extrême-droite mais bien une radicalisation puérile de la gauche. Moi, c'est par des comiques américains et anglais que j'ai entendu parler de ces choses là avant de creuser. Pas par Zemmour, Bouchez ou les féministes de Twitter.

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    1. Très juste ! j'ai posté un truc là-dessus, mais sur un autre sujet : Bouli porté en triomphe à Liège après son César. La Wallonie, ce département des Galeries Lafayette !

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    2. Un bémol tout de même sur la cancel-culture. D'après mes souvenirs, Le mouvement a percé aux States fin des eighties; mais c'est tout de même Derrida et les déconstructivistes français qui étaient les figures tutélaires des Cultural Studies (Derrida enseignant là-bas). Et puis tu as eu très très vite un mouvement de back-lash anti political coreectness et affirmative action avec les bouquins de Dinesh d'Souza, Roger Kimball et Allan Bloom... Et juste après ça a été étudié en France par Eric Fassin, etc... Donc en fait, c'est quelque chose qu'on voudrait nous faire passer pour une guerre culturelle, mais c'est avant tout une guerre totalement fake, des deux côtés. C'est une guerre à la base universitaire entre titulaires de postes en sciences sociales, et qui doivent justifier leur job en produisant du "sens" , peu importe lequel. C'est tout simplement une déclinaison à l'université de la logique capitaliste. Pour exister, tu dois produire. Peu importe ce que tu écris, tu as intérêt à le faire, et à gueuler plus fort que tes petits amis avec des concepts "incendiaires". Tabula rasa. Les Attila des campus.

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    3. Je pense que ça a déteint dans le grand-public avec Internet. Les guerres culturelles étaient comme tu dis cantonnées aux campus mais dès que c'est devenu un motif pour se bagarrer sur les forums et les réseaux sociaux, ça a percé partout. Un gros premier exemple de cancel-culture mainstream contemporaine, c'est la campagne pour virer Jar Jar Binks de Star Wars. Le fait que ça réussisse a forcément été encourageant. Si ça marche dans le cinéma, pourquoi pas dans d'autres sphères?

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    4. après bon tu avais bien Marcuse qui était yankee, mais Foucault était Français ... Bref. Et oui certainement, les forums et réseaux sociaux ont remplacé les comptoirs de café. Mais même avant cette période internet, tu as eu des épisodes tout à fait hallucinants. Par exemple l'affaire OJ Simpson .Un afro-américain riche et célèbre arrive à se faire acquitter du meurtre de deux blancs, alors qu'il est pris quasi sur le fait avec du sang sur ce fameux gant , uniquement parce qu'il est riche et célèbre et parce que la plaidoirie est menée par Marcia Clark une procureur femme latino. La domination économique gonflée par le prisme de l'affirmative action prime même sur le critère racial, tout cela doublé d'une superbe dose de misogynie. Fabuleux l'affaire OJ Simpson. Rien que ça aurait pourtant dû suffir pour prémunir l'humanité à jamais. sur tous ces sujets ... Mais non, ça ne faisait que commencer.

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  6. Ceci-dit, je reluque parfois la twittosphère belge francophone, et bon,ce que tu dénonces, c'est purement et simplement les bonnes vieilles recettes du militantisme politique appliquées au numérique. Que ce soit aujourd'hui ou hier, pour tout militant, il y a toujours eu le "eux" et "nous". La caricature, la simplification à outrance, la démagogie, c'est hélas la base. C'est pour ça certainement qu'on a jamais milité, qu'on a jamais adhéré à un quelconque parti . Je fais exactement pareil : si on me parachute au Lasemo, je mettrai un T-shirt MAGA, par contre jamais tu me droppes au cercle de Lorraine sans mon gobelet CGT. Finalement , rien ne change. Faisons juste attention à rester safe, en se roulant dans les ronces pour cultiver notre système immunitaire. . Je suis plutôt de gauche et je m'aperçois que mes meilleurs amis sont plutôt de droite, à part un qui est de gauche, mais qui bosse chez Paribas et est à la fois fan de Jean Edern Hallier et Drieu La Rochelle. Je m'estime heureux comme ça. Peur de rien.

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  7. ah oui . John Le Carré reste aussi une référence absolue. a peu près tout lu de sa part . Du côté Briton et sur cette période, je digresse peut-être un peu du sujet initial, mais côté cinéma, j'avais bien flashé sur Edge of Darkness, Who Dares Wins, A Very British Coup, G.B.H. ou même la version british originale de House of Cards. Toujours sympathique.

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  8. Tiens, j'ignorais que A Very British Coup avait été adapté. Cool bouquin aussi. Sinon, plus récent mais du même ordre : State of Play était bien bon aussi...

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  9. Tu me donnes envie de lire ton mémoire maintenant. T'aurais ça en numérique? ;-)

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    1. non mais il est à la bibliothèque de l'UCL . Je pourrais ceci-dit le scanner un de ces quatre. Bonne idée.

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    2. https://ils.bib.uclouvain.be/global/documents/768037

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  10. Juste une réflexion. J'aime beaucoup ce strip de XKCD sur la "fin de la liberté d'expression". Il y a parfois une confusion entre des critiques (qui peuvent être débiles, constructives, nécessaires ou "à la bombe thermobarique") et des volontés effectives de cancel. C'est pourquoi j'aime bien ce strip : les critiques du wokisme doivent aussi distinguer ces critiques "nouvelles" et les volontés effectives de cancel. Les premières font partie du débat public, les secondes sont des atteintes à la liberté d'expression.

    My two cents

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  11. Le strip en question : https://xkcd.com/1357/

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  12. C'est exact mais il peut justement être assez compliqué de distinguer les critiques « nouvelles » des volontés effectives de cancel, surtout quand la mauvaise foi est utilisée comme une baguette magique. A titre personnel, j'ai quand même déjà vécu l'anecdote des critiques mêlant mes « employeurs » dans la discussion houleuse tout en prétendant ne pas vouloir remettre mon « employabilité » en jeu.

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  13. Je ne connais pas ton cas par cœur mais j'imagine à nouveau qu'il y a une différence entre "interpeller l'employeur de quelqu'un sur des faits qui n'on rien à voir avec le boulot" et "interpeller l'employeur dans le cadre d'un conflit interpersonnel dans le cadre du boulot". Quelque soit le fond, le second me semble légitime sur la forme en tout cas.

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  14. Je ne compte pas trop entrer dans les détails au risque de raviver les feux d'anciens volcans (en forme de trous de culs) mais disons que la situation tenait principalement d'une interpellation de l'employeur sur des interprétations mensongères de choses publiées dans le cadre du boulot pour les rattacher à un conflit interpersonnel. En d'autres termes, charger la mule. Rien à voir ici avec la militance et le wokisme dans ce cas précis mais je pense quand même que c'est une méthode qui est aussi utilisée dans la cancel-culture.

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